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Performances en tous genres à Toulouse (1) : la performance

Publié le 08 octobre 2010 par Marc Lenot

ondak2.1286209462.jpgMon erreur, en venant voir le Printemps de Septembre à Toulouse, dédié cette année à la performance sous l’égide d’Éric Mangion (jusqu’au 17 octobre), fut de commencer mes visites par le Château d’Eau où David Zerbib présentait une histoire (provisoire) de la performance, d’Alfred Jarry à Marina Abramovic : ce ‘marbre’ (au sens typographique du terme) était fort bien fait, avec beaucoup de textes, des photographies et quelques vidéos (et j’espère qu’il sera édité un jour), mais, du coup, la barre était mise très haut. Vu le niveau des attentes ainsi générées, comment dès lors apprécier une chanteuse crooner dans la vitrine de la galerie Kandler, des chevelures bouclées ondulant au vent devant la Garonne dans le jardin Raymond VI, le film de la recréation dans la rue d’une pièce de théâtre sur le Honduras Britannique (à l’Hôtel-Dieu), un magicien sans charme avec des assistantes pleines de charmes (au Lieu Commun), un vidéomaton ouvert à tous vents (devant les Abattoirs), quatre acteurs se dénudant dans les Abattoirs, des stroboscopes dans la vitrine du Musée des Augustins, un échange de livres (à l’école des Beaux-arts), une pièce de théâtre ressassant le thème du suspense absurde (au TNT) ou le jeu absurde de pouvoir d’un despote s’imposant aux participants (à Croix Baragnon) ? Ça ne faisait pas le poids, quand on avait encore en mémoire les splendides performances évoquées par Zerbib.

Deux volets dans ce festival : des performances parmi lesquelles seules surnagent un petit nombre de qualité (plus deux époustouflants spectacles de danse) et des expositions sur (et témoignages de) la performance, plus ou moins fidèles, plus ou moins heureuses. Parmi les performances que j’ai pu voir, les meilleures furent clairement celles où le public n’était pas simplement spectateur, mais était impliqué d’une manière ou d’une autre. Trois m’ont semblé très

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au-dessus du lot, et si toute la manifestation avait été de cet acabit, j’en serais revenu ravi; d’abord, évidemment, Dora Garcia, reléguée dans un lieu lointain, autrefois dénommé le bond de la baleine à bosse, m’a-t-on dit (et aujourd’hui bbb), y présentait cinq performances, certaines connues comme le Messager ou Proxy/Coma, d’autres moins. En particulier, Récit Instantané (à partir du 6 octobre) promet beaucoup : le spectateur devient objet d’observation, de description, de dissection lors de sa visite de l’exposition. Remplir un Cahier de Notes sans lever les yeux, au fil des pages, est un acte individuel, mais aussi une participation à une performance collective.

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Ensuite Mesurer l’univers, de Roman Ondak aux Abattoirs, permet aussi d’ajouter sa pierre à la construction du monde, d’ajouter son trait à la mesure du monde : chaque visiteur est collé au mur, sa taille inscrite par un trait et l’événement daté, comme nous l’avons tous fait pour nos enfants (et moi, en haut). Roman Ondak a commencé cette performance il y a neuf ans et demi avec son fils, puis quatre ans plus tard en public. C’est très simple, et très émouvant.

Enfin Joris Lacoste hypnotise tous les jours pendant une heure un Toulousain volontaire. Dans ce Cabinet d’Hypnose clos, nul ne sait ce que Lacoste dit, comment ce magicien du langage procède. Le spectateur hypnotisé n’est pas en mesure de raconter ce qu’on lui a fait, ce qu’on lui a dit, mais seulement ce qu’ont été ses rêves. Dans la salle voisine (à Croix Baragnon) sur vingt-deux

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écrans vont peu à peu s’inscrire les visages des vingt-deux hypnotisés, et leur récit après leur réveil; je n’ai vu que la première (ci-dessus), qui parlait de sa transformation en requin ou en raie, et des profondeurs océanes. On peut penser que le récit de l’hypnotiseur s’enrichira de jour en jour des récits des hypnotisés, mais nul ne pourra en rendre compte, nul ne pourra être à la fois spectateur et acteur. Il faudrait revenir le 17 octobre et tout voir, tout entendre. Dans une troisième salle, on peut entendre la bande-son, diffusée sur France Culture, d’une précédente expérience d’hypnose sur le thème de la visite du musée : les récits s’entrechoquent et semblent rebondir les uns sur les autres.

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