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Couleurs

Publié le 08 octobre 2010 par Myriam

Sans doute la grisaille actuelle m'incite-t-elle aujourd'hui à vous parler de couleurs ! A l'occasion de l'exposition "Monet et l'abstraction", on pouvait voir cette toile "Paysage méditerranéen" de Nicolas de Staël que je ne connaissais pas.

Nicolas de Stael - Paysage méditerrannéen, 1953
La juxtaposition des différents bleus, accentuée par le travail de matiérage, est très réussi. Et comme toujours chez ce peintre ce qui me frappe c'est l'utilisation de la couleur, qui relève d'une sorte d'alchimie intime avec le paysage représenté.

Ici, des bleus plus sourds encadrent, dans une perspective qui s'organise par "couches de couleur-forme" (1), le bleu céruleum de la mer positionné presque au centre du tableau. La palette utilisée nous emmène loin du Ciel à Honfleur, nous sommes descendus plus vers le sud, et nous nous sommes arrêtés sur les rives méditerranéennes. Mais il me semble que nous ne sommes pas plus au sud, parce qu'il n'y a pas suffisamment de blanc, de sécheresse et d'aridité de la terre. 

Nicolas de Stael - Sicile, 1954
Nicolas de Stael - Agrigente, 1953
Cette aridité, il va parvenir à la rendre en saturant l'espace de la toile de couleurs chaudes, voire totalement inhabituelles comme ici dans ce tableau "Sicile" (peint en 1954) avec un ciel vert, et du rose et du violet au sol, ou encore dans celui-ci "Agrigente" (peint en 1953) avec un ciel rouge qui reprend la rougeur de la terre.

Et puisqu'il faut marquer encore plus la sécheresse, c'est sur un fond noir que se découpe la masse blanche de la terre et de quelques habitations, ci-dessous "Agrigente", peint la même année, marquée par une autre émotion.

Nicolas de Stael - Agrigente, 1953, Kunsthaus Zürich
"La lumière, la matière, les formes colorées et la manière de concevoir la composition de l’œuvre changent radicalement selon qu’il s’agit de paysages normands ou du sud de l’Italie, par exemple. Cette révolution plastique, à chaque fois recommencée, n’est pas seulement liée aux variations du motif et des lieux en question, elle naît de la confrontation de sa peinture avec le visible, vécue toujours comme une véritable expérience de l’être" (1).

C'est cette connivence insoupçonnée avec les couleurs qui, à mon sens, résume au mieux l'oeuvre de cet artiste...

 (1) Extrait du parcours pédagogique de l'exposition consacrée à Nicolas de Staël à Beaubourg en 2003

(2) Exposition Nicolas de Staël en ce moment à Martigny


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