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Performances en tous genres à Toulouse (2) : la danse

Publié le 09 octobre 2010 par Marc Lenot

fabian.1286217409.jpgParmi les soirées toulousaines lors du Printemps de Septembre, deux spectacles de danse inoubliables. Fabián Barba est un jeune danseur et chorégraphe équatorien basé à Bruxelles, qui est habité par l’esprit de la grande danseuse expressionniste Mary Wigman. Non seulement il recrée certaines de ses danses avec passion, talent et émotion, mais il reproduit aussi le tempo même du spectacle, les noirs brefs entre chaque morceau, le salut désuet à la fin de chaque danse (qui, d’abord, fait rire la salle, puis le respect admiratif s’impose), et même le format du livret de salle. Ce soir là, il dansa, entre autres, Sturmlied, du cycle Schwingende Landschaft de 1929 dans un tourbillon rougeoyant de toute beauté. Comment reconstituer une oeuvre dont on sait peu de choses (un seul film, je crois, sur Mary Wigman, la Danse de la Sorcière, montrée à Traces du Sacré) ? Comment un homme latin de 28 ans peut-il aussi bien et sans la moindre ambiguïté incarner une femme allemande de 43 ans ? Comment recréer alors qu’on ne sait pas reproduire ? Fabián Barba sera à Paris au Théâtre de la Bastille début mars (A Mary Wigman Dance Evening).

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Mon autre découverte a été le spectacle de François Chaignaud et Marie-Caroline Hominal, Duchesses, dans lequel les deux danseurs apparaissent soudain, nus, sur des piédestaux d’exhibition de gogo dancer, dansant avec des hula-hoops. Ce jeu familier des adolescentes devient ici outil de torture et de plaisir, allant jusqu’au bout des possibilités du corps des danseurs; la performance dure 35 minutes, le rythme des corps, des sons et des lumières s’accélère parfois puis ralentit de manière non synchronisée. Les deux corps se rapprochent dans un étrange jeu de séduction, puis l’un tourne le dos à l’autre, s’éloigne, se renferme. Ces derviches tourneurs sont aussi des esclaves du sexe solitaire. Les corps se tendent et se relâchent, les reins se cambrent dans l’effort constant de toujours maintenir en rotation le cerceau, toujours prêt à tomber : e pur si muove ! On voit là ”l’ondulation enflammée du bassin, dès lors la tenue entière du buste, les correspondances rythmiques chaloupées des épaules, l’accompagnement modulé des bras qui caressent l’espace, le déjeté de la tête au visage virant au masque d’évanouissement, les yeux vitreux retournés en orbite folle, et les sexes exposés, vrillés, battant, animés.” (Gérard Mayen). C’est terriblement répétitif, mécanique, conceptualisé, hypnotique, et, pour tout dire, épuisant pour le spectateur, jusqu’à l’extinction finale, comme un rideau de peep-show tombant soudainement à la fin de la session payée. Je ne suis pas sûr d’avoir été séduit, mais je n’oublierai pas ce spectacle impressionnant.

Photo 1 de Bart Grietens, photo 2 de Clive Jenkins.


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