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Tuer Lamarre de Simon Girard

Par Venise19 @VeniseLandry
Tuer Lamarre de Simon GirardDeuxième roman de Simon Girard, auteur de Dawson Kid en 2007. Je suis assez curieuse de voir la suite des choses pour un jeune auteur. Son premier roman s’est fait qualifier de roman « coup de poing », pour Tuer Lamarre se lit sur le quatrième de couverture la même épithète « roman coup de poing », portant sur des sujets très dissemblables. Dans cette histoire brève qu’on peut quasiment qualifier de novella, il s’agit d’abus sexuels au pluriel, celle du père quand il était enfant, et celle du fils de ce père.
J’ai embarqué dans la partie du début où il est question de l’abus perpétré sur le père, même si étonnante, j’ai cru à cette histoire de dame âgée qui abuse de l’innocence d’un garçonnet. Là où j’ai commencé à décrocher est quand l’homme, maintenant en couple et père lui aussi d’un enfant, réalise en lisant dans les yeux de son fiston, que son garçon vit la même chose qu’il a vécu, à la différence près que l'abuseur est un homme. Comme l’abus vécu par le père n’a jamais été assimilé, encore moins accepté, il devient un très mauvais conseiller pour son fils. Attention, quand je dis un « mauvais conseiller », je sors déjà du résumé qui se voudrait objectif, et je tombe au cœur de ma propre subjectivité, parce que je suis loin d’être sûre que l’auteur ait voulu démontrer que ce père était un pitoyable conseiller. Une aura de victoire ressort plutôt du tandem père-fils devenu une force mue par leur complicité vengeresse.
Mais ce sont les lois du fictif, et l'auteur en est le roi absolu, aussi le problème ne se situe pas à ce niveau mais plutôt que la lectrice que je suis n’ai pas du tout cru à cette histoire de père qui se laisse téléguider par l’esprit de vengeance de son fils. Cette froide et cruelle vengeance du fils, qui jamais ne dira un seul mot sur ce qu’il a vécu avec son abuseur, m’est apparue tellement improbable ! Si encore, il avait été question d’un adulte, mais un enfant de 11 ans, quand il a été abusé sur une longue période ne devient pas du jour au lendemain le dominateur impitoyable d’une situation dont il a été victime. Assez pour que son père se fasse un devoir de mettre à exécution chaque désir exprimé par l’enfant. Et toujours, sans un mot, sans une confession, seulement sous l’effet d’échanges de regards, l'entente tacite surgit assez pour que le duo se mette en état de marche.
Vient se rajouter l’histoire du couple homme et femme (père et mère du fils). Cette fois, c’est le père qui entraine le fils dans sa vengeance d’homme qui se sent victime d’une femme trop « contrôlante ». Que le fils soit mêlé à l’histoire du couple ne m’a pas seulement mise mal à l’aise mais plus grave encore, c’est mon impossibilité de croire qu’un enfant venant de dévoiler un si terrible secret (même si dans le silence de la complicité), au lieu de s'effondrer reste jusqu’au bout le témoin complice de la vengeance du père, perdant du coup la consolation et la compréhension de sa mère.
La vengeance est le leitmotiv de cette histoire. La seule cohérence que je peux y voir est qu’encore une fois la démonstration est faite que l’absence de mots pousse à poser des gestes violents. Mais si encore j’y avais cru, cela aurait sonné plus juste.

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