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The old School trick.

Publié le 10 octobre 2010 par Routedenuit

Quand il pleut, j’écoute Supertramp.

Quand j’habitais encore chez mes parents, on ne parlait presque jamais de musique. Parce qu’on n’en écoutait pas vraiment. Et pourtant, quand les rares occasions se présentaient, c’est toujours le même nom qui revenait : Supertramp. J’ai mis longtemps à aller voir à quoi ça ressemblait, Supertramp. Parce que pour moi, c’était un truc de vieux (et que j’étais sans doute beaucoup trop occupé à écouter Michel Sardou)(oui, je sais). Enfin, y’avait aussi Led Zeppelin, que j’avais certainement rangé dans la même case. Jusqu’à ce soir de décembre en Allemagne à Berlin, coincé dans un bus scolaire à cause d’un chauffeur qui n’arrivait pas à nous ramener à l’auberge de jeunesse rapport à ce que l’alcool-c’est-le-mal.

Il pleuvait comme la Bretagne n’en verra jamais, il faisait froid et le fameux chauffeur avait décidé de couper le chauffage. C’était soit le chauffage, soit la sono du bus. Il a choisi la sono. Bon, avec le recul, j’ai compris. Si il avait choisi le chauffage, il se serait endormi sur le périph’ et je ne serais certainement pas là pour en parler. Néanmoins, quand il a pris le micro pour nous dire qu’à partir de maintenant, il allait passer le Best-of Led Zeppelin et qu’il exigeait le silence, et que si-il-fait-4-degrés-c’est-pas-grave-on-n’est-pas-en-sucre, on l’a pas trop bien vécu.

Je t’explique.

On venait de passer trois heures trente dans un camp de concentration, avec salle de « médecine », cachots, cellules – alors quand le chauffeur que s’appelorio Dominique nous a dit que le premier morceau qu’il allait passer s’appelait Stairway to Heaven, on s’est juste demandé si il se foutait pas un peu de notre gueule rapport à ce qu’on était déjà tous en trauma psychologique de stade 3. Alors on a fait en sorte d’avoir chaud, dépliant les manteaux pour les mettre en couverture, ressortant les écharpes et les gants, et le morceau est arrivé. Et là, grosse claque. C’était donc ça, Led Zeppelin ?! Tiens, on dirait que Papa avait raison. Frissons, yeux qui brillent, ça devait sûrement être des séquelles du contexte, le besoin d’évacuer le morbide des heures précédentes… et pourtant, ça venait d’ailleurs. Je parlais déjà l’anglais à l’époque, les paroles m’ont un peu sauté à la gorge. Y’avait tout dedans. La naïveté, l’espoir, l’abandon, la violence. Ça duré presque deux heures avant que l’on regagne l’auberge. Deux des heures les plus musicamenteuses de ma courte vie à l’époque.

Alors en rentrant, j’ai cherché à quoi ça ressemblait, Supertramp. Et je suis tombé là-dessus:

Enfin, je suis pas tombé dessus tout de suite. Parce que tout minot que j’étais, j’étais pas vraiment une bombasse en orthographe de groupes de rock super hype des années 70. Donc j’ai un peu galéré avant de trouver. Pour tout dire, j’ai mis un peu de temps à comprendre que Supertramp, c’était pas un groupe de musiciens humides qui s’appellerait Super-Trempe.

La voix de Hodgson m’a immédiatement scotché, tout comme l’harmonica, tout comme la basse, tout comme la guitare, tout comme la batterie. C’était quelque chose d’évident, de doux et de violent. Mais ce dont je me souviens le plus, c’est la structure de ce morceau, le crescendo, le rythme qui finit par te happer, comme une respiration haletante quasi-étouffante. Inutile de dire que je vais encore souvent à l’école au son de ce morceau, ne serait-ce que pour ce premier couplet qui est devenu anthologique.

I can see you in the morning when you go to School
Dont forget your books, you know you’ve got to learn the golden rule,
The teacher tells you stop your play and get on with your work
And be like Johnnie – too-good, well dont you know he never shirks
- he’s coming along!

Enfin bref. Maintenant, comme un réflexe, quand il pleut, j’écoute Supertramp.


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