Magazine Culture

L'impudeur de l'écrivain et le voyeurisme du lecteur.

Par Manus

L'impudeur de l'יcrivain et le voyeurisme du lecteur.

L'impudeur de l'écrivain et le voyeurisme du lecteur.

Faut-il croire que cela est devenu un phénomène de mode, de foire devrais-je dire, que de lire ces auteurs qui se dévoilent sans plus de pudeur dans leurs romans ?

Le dernier roman d'Amélie Nothomb, chroniqué ici , est l'exemple type de cette nouvelle tendance littéraire.

Si aujourd'hui certains éditeurs perçoivent que le voyeurisme est la corde sur laquelle il faut tirer pour gagner du pognon, on remarque aisément que leur stratégie de vente se situe davantage dans des publications où le sexe et l'érotisme prédominent, l'air de rien, par un récit qui ne sert qu'à vendre de l'excitation.

Amélie Nothomb, elle, joue plutôt la carte de l'autofiction, très tendance actuellement aussi, à travers la mise en scène de ses personnages dont l'un qui la représente.

Deux questions se posent suite à ce constat finalement devenu général (Houellebecq, par exemple, y va aussi dans sa mise en scène de soi).

La première serait plus de l'ordre du fonctionnement de l'écrivain.  Ce besoin de se mettre lui-même en scène dans son roman est assez alarmant.  Que ce soit Houellebecq, Nothomb et tant d'autres, par l'entremise d'un personnage ou carrément en tronquant un roman pour un journal intime, pose question, même si cela semble depuis toujours présent dans le monde littéraire.

L'auteur écrit ce qu'il veut, on l'espère bien d'ailleurs, c'est sa liberté, mais serait-ce les éditeurs qui poussent ces écrivains à se déshabiller ainsi devant un public en demande de voyeurisme, ou bien est-ce l'auteur lui-même qui éprouve le besoin de jouer à l'exhibitionniste ?

A moins que se dévoiler de la sorte soit un signe de courage ?  Que la véritable écriture se situe là ?

La vraie littérature serait, pour certains, d'écrire sans changer une virgule de son propre vécu.  C'est seulement cette littérature là qui offre le plus de richesse au lecteur, tant par l'émotion qu'elle suscite, que par la profondeur des propos.

C'est une option également, pour autant que le style soit à la hauteur de cette intimité jetée en pâture.

L'autre question concerne évidemment le lecteur.  Qui est-il celui-là ? Un voyeur masqué ou un fan de l'auteur ?

A moins qu'il ne soit rien de tout cela, simplement un lecteur qui se contente de lire ce qu'il y a dans le manteau qui vient de s'ouvrir à grands pans devant lui.  

Il me semble, quand même, que pour le lecteur, le plaisir réside de découvrir l'auteur par la complexité des personnages qui évoluent dans le roman.  Recevoir du tout cuit en bouche (avaler ?) laisse un arrière-goût.  Comme si tout cela était trop facile, comme si l'auteur ne faisait plus l'effort de construire son roman.

Et puis, ce que les écrivains paraissent ignorer, c'est que le mystère, justement, attire et provoque l'attachement.

S'offrir, comme ça, sans plus de pudeur, un peu comme un bout de viande lancé sur un lit, ne donne même plus au lecteur l'envie de l'explorer, et il s'en écarte, dégoûté par cet envahissement intime.

Peut-être que cette réflexion pourrait simplement se résumer au fait que les auteurs ne sont que l'échantillon représentatif de ce que le lecteur est lui-même, à savoir la société.

Savina de Jamblinne.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Manus 379 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines