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L'incendie du chiado de François Vallejo

Par Sylvie

Editions Viviane Hamy, 2008

 

L'incendie du chiado

Voici l'avant-dernier opus de François Vallejo avant Les soeurs Brelan. L'auteur s'inspire de l'incendie qui ravagea en 1988 une partie du centre historique de Lisbonne (Le Chiado est le quartier littéraire de la capitale lusitanienne, cher entre autre à Pessoa et le quartier des boutiques de luxe).

Vallejo imagine que quatre personnages refusent d'être évacués du quartier par les secours ; il y a Carneiro, un vieil habitant du quartier, gardien du cinéma, qui refuse catégoriquement de quitter son immeuble, le "Français", venu à Lisbonne pour des raisons obscures (il recherche une personne du nom de Suares).

Puis vient Eduardo, photographe, qui souhaite photographier pour son compte une atmosphère de fin du monde. Enfin, Augustina, une femme qui avait rendez-vous avec sa fille dans un grand magasin.

Ces quatre personnages, pour des raisons diverses, choisissent de quitter le monde réel pour gagner celui de l'apocalypse. Dans les rues pleines de fumées et de cendres, à l'atmosphère irrespirable, il vont devoir cohabiter, dans le secret.

Jusqu'à ce qu'un cinquième personnage vienne perturber l'équilibre déjà bien précaire, et tente de prendre l'ascendant sur eux ; tel un missionnaire, un prophète, ou un membre d'une secte, il leur annonce qu'il faut brûler le monde ancien pour faire du nouveau....

Il y a du Balzac et plus particulièrement du Vautrin dans ce personnage. Comme à son habitude, Vallejo aime faire le portrait d'âmes damnées qui tentent de prendre l'ascendant sur les autres, dans un rapport de force maître/esclave. Juvénal Ferreira gratte la surface lisse des personnages pour y desceller leur secret, leurs blessures, et le véritable motif de leur action insensée. Jusqu'à ce que les nerfs cèdent et que le vernis lisse s'effrite...Ce prophète démiurge prend sous son aile damnée les âmes en peine pour les faire accoucher de leur vérité.

Nous retrouvons cette prose si particulière de Vallejo, haletante et syncopée, intégrant directement dans la narration les différentes paroles des personnages. Ce style rend admirablement bien cette atmosphère de huis-clos irrespirable où aucune issue n'est possible.

Du grand art comme toujours chez cet écrivain si original, au beau style, à la fois classique et moderne, qui explore avec plaisir les eaux troubles de l'âme humaine. A l'issue de la joute verbale, les masques tomberont...

A lire avant d'aller à Lisbonne ! C'est ce que j'ai fait et j'ai pris plaisir à découvrir ces vieilles ruelles où l'on peut s'y perdre sans modération. Certes, Vallejo ne nous convie pas à une promenade touristique, mais il détaille tout de même le nom des rues ; on y retrouve vraiment la structure du quartier duChiado. A préciser cependant une erreur sur la quatrième de couverture ; le Chiado n'est pas le plus vieux quartier de' Lisbonne ! Il s'agi de l'Alfama, quartier de vieilles rues aux maisons blanches et oranges, décorées d'azuleros, complètement délabrées, où est né le fado ...Voilà, c'est le seul bémol !


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