Alain Bentolila, Professeur de linguistique à l’Université de Paris 5, a assuré, à la demande du ministre de l'éducation nationale, la direction et la coordination d'un rapport intitulé "La maternelle : au front des inégalités linguistiques et sociales". Celui-ci a été publié à la fin du mois de décembre. Bentolila est un digne représentant de l'ultra-conservatisme ambiant, c'est lui qui déjà, sous Robien, avait rendu des rapports sur les méthodes d'apprentissage de la lecture et du calcul. Pour caricaturer, ce rapport veut faire des enfants sages.
Sur le site du Café pédagogique (28/12/2007), Pierre Frackowiak revient sur le sujet : « Ce qui saute d’abord aux yeux à la lecture du rapport, écrit-il, c’est le mépris (...) pour les enseignants (...) pour les parents avec un tableau apocalyptique de la société, tel qu’on peut le retrouver dans la prose de certaines sectes religieuses qui annoncent tous les ans la fin du monde », mais aussi, mépris pour les enfants.
Ci-dessous, un court extrait de l’article de Pierre Frackowiak, dont on ne peut que conseiller la lecture intégrale.
« Mépris pour les enfants. Les enfants ne sont plus des enfants, dès l'âge de 2 ou 3 ans, ils doivent être des élèves, formatés ou prêts à l'être, disposés dès le plus jeune âge à écouter les explications magistrales, sans personnalité, sans affectivité, sans sensibilité, sans émotions. Bentolila et ses collaborateurs semblent n'avoir jamais vu d'enfants vrais qui pleurent, qui rient, qui se ferment ou qui rêvent. Ils ne perçoivent l'enfant/élève qu'à partir de leurs représentations théoriques et en fonction de leurs objectifs d'apprentissage/dressage. Mais l'enfant résiste, il est bien vivant et ne se laisse pas réduire au statut d'élève. Il a bien le temps pour cela… L'école progressivement et le collège brutalement tenteront d'en faire un élève détaché en apparence, en apparence seulement, du statut d'enfant puis d'adolescent. »