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Apocalypse Bébé de Virginie Despentes

Par Antigone

apocalypse_b_b_"Il faut remonter à plus de deux mois en arrière pour retrouver une activité téléphonique normale, avec échange de coups de fil et SMS. Presque trois mois. On n'a jamais vu ça... Si t'as quinze ans et que tu cesses toute activité internet et portable... comment ça s'explique, ça ? Une déprime, même profonde... ça ne t'empêche pas d'updater tes mails, de temps à autre. La drogue ? Impossible... Au contraire, on trouverait sa trace sur le web à toute heure du jour et de la nuit. L'amour ? Sans portable ? T'imagines, une love story sans SMS ?"

Valentine a disparu. Mais qui la recherche réellement ? Qui l'aime autrement que mollement ? Qui aurait su la retenir ? Deux détectives suivent sa trace, engagées par la grand-mère de l'adolescente.
A la rencontre des personnages qui ont fait partie de la vie de Valentine ses derniers mois, on découvre le portrait en creux d'une jeune-fille perdue depuis longtemps. De Paris à Barcelone, c'est en fait à la poursuite d'un fantôme de quinze ans que les deux détectives entraînent le lecteur, un fantôme qui traîne derrière lui sans y prêter attention tous les remugles d'une époque en ruine.

J'ai entamé ce livre avec une curiosité étrange, en connaissance de cause, m'attendant à être choquée, déçue et finalement désabusée par l'univers d'une auteure dont on dit tant qu'elle est sulfureuse. Mais non, voilà, pas du tout.
Quelle idée que de se laisser ainsi abuser par des idées toutes faites, préconcues !
J'ai été hypnotisée, j'ai aimé lire Virginie Despentes, j'ai cru à ce road-movie ironique qui gratte la béatitude dans le sens du pessimisme. Bien entendu, le lecteur trouvera dans les pages de ce livre quelques vulgarités verbales bien senties, quelques scènes lesbiennes audacieuses, quelques lieux communs à la sauce "polars" déjà vus, la belle affaire ! Ce n'est pas comme si Virginie Despentes n'avait pas un réel talent d'écrivain, ce n'est pas comme si derrière l'histoire de Valentine elle ne brossait pas une caricature en règle de nos valeurs modernes, de nos travers, de nos égos démesurés.
Alors, bien entendu, on pourrait parler de la fin, de cette pirouette finale auquelle j'ai eu du mal à adhérer. On pourrait. Mais bon. J'ai juste envie de dire que j'ai passé un drôlement bon moment en compagnie de ce titre et que je ne m'y attendais pas.

Une lecture de rentrée vraiment détonnante !

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Note de lecture : 4.5/5 - Editions Grasset - 19€ - Août 2010


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