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Apprivoiser l'incertitude de la compétition

Publié le 16 octobre 2010 par Sportpsy @sportpsy

«Face à une situation délicate, ce qui importe n’est pas ce qui va se passer, mais ce que tu vas faire» Montse Ferraro, championne espagnole de plongeon. 

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Ne pas savoir ce qui nous attend est à la fois une source de motivation et également une source de peur. Nous nous demandons ce que notre future nous réserve: Si je m’entraîne bien aujourd’hui, serais-je récompensé demain? Sinon un jour?

Demander au futur de nous répondre au présent est utile uniquement pour notre propre réconfort, cela nous donne un sentiment de maîtrise, de sécurité alors que réussir dans ce que l’on fait ne peut jamais être du domaine de la certitude.

Dans le sport, et encore plus si vous envisagez une carrière professionnelle, ce ne sont pas seulement les efforts au quotidien qui comptent, mais un ensemble de petits détails mis bout à bout qui amènent à non pas réduire l’incertitude, mais simplement à l’apprivoiser.

Nombreux sont les exemples, où il faut apprendre à apprivoiser cette incertitude ! Par exemple, lors d’une blessure, la rééducation ou l’étendue de la blessure n’est pas toujours bien évaluée et comme je l’ai précisé dans un précédent article, la guérison d’une blessure ne dépend pas uniquement du temps et des aspects médicaux mais aussi de la façon dont gère cette blessure. Si cela est vécu comme une catastrophe et comme vous sombrez dans le pessimisme, on peut parier que cela mette plus de temps à guérir !

L’incertitude renvoit donc à sa propre capacité à réaliser ses objectifs. Par exemple, un joueur de tennis se demandait sans cesse quand il arriverait à gagner son premier point ATP et perdait à chaque compétition l’occasion d’en gagner tant il était bloqué par cette question. Ce qui n’était pas clairement énoncé était plutôt : Suis-je capable de gagner un jour ce premier point ?

Les rêves que l’on fait comportent évidemment une part d’incertitude et de risques. Cela peut faire peur de ne pas avoir la garantie de la réussite et l’on se pose de nombreuses questions : Que vais-je faire si je ne suis pas à la hauteur ? Que m’arrivera-t-il si je n’arrive pas à mon but ? Que vais-je faire s’il m’arrive une grave blessure ?

Ceci va parfois vous miner totalement votre vie jusqu’à vous paralyser parfois. C’est ainsi que l’on peut parler de blocages, dont nous ne sommes pas toujours conscient.

Si la peur d’échouer vous obsède (employons un mot fort !), vous allez peut-être attendre passivement que les choses se passent et voir vos chances de réussir dans votre tâche se réduire à néant.

Si vous commenciez par accepter que l’on ne peut pas prévoir les résultats à l’avance, vous commenceriez à vivre un peu plus au présent, et à vous confronter avec la réalité.

L’incertitude se transformera en défi à partir du moment où vous essayerez de prendre des risques et vous vous efforcerez à déterminer votre propre façon de fonctionner. Car chaque sportif fonctionne différemment et que les recettes qui ont permis à l'un de réussir ne sont pas toujours celles qui sont adaptées pour un autre. Beaucoup de sportifs ont réussi de manière que l'on pourrait qualifier de "non conventionnelle" ou ne suivant pas des chemins tout tracés, mais ils ont suivi leur manière de faire avec leur propre personnalité, leurs envies. Chaque parcours est unique.

Et la peur vient envahir vos penséees car vous n'êtes pas sûr d'être sur le bon chemin. Les blocages liées à cette peur vous empêchent de prendre les risques nécessaires qui sont liés à la pratique sportive. Dans la plupart du temps, la prise de risque est souvent plus limitée que l'on ne le croit. 

Ainsi, si vous laissez la peur contrôler vos décision, elle envahira votre vie et transformera cette fameuse incertitude en cauchemar. Plutôt que de chercher à à réduire l'incertitude du futur, se concentrer sur le présent, travailler, se donner au maximum de ses possibilités, croire en ses chances, ne pas se laisser perturber par des défaites, permet simplement d'apprendre sur soi-même à chaque occasion et laisser cette incertitude de côté pour vous concentrer sur votre objectif.

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J'avais noté une réflexion de Mats Wilander parue dans l'équipe à propos de Nadal qui me paraît bien illustrer cette pensée: "Dans la vie, il y a les winners, et il y a les losers. Pour moi, Nadal est l'archétype du winner. Et il le sera dans tout ce qu'il entreprendra pour le reste de sa vie. Cela se voit, cela se sent. Il peut perdre ou gagner, cela ne change RIEN, absolument RIEN à sa façon de faire, ou à ce qu'il essaie d'accomplir. Rien ne le fait dévier de son chemin. Et il met tout, victoire ou défaite dans son sac à expérience pour tracer sa route avec. Immuablement. Pour toujours, transformer le bon ou le mauvais en énergie positive. Un loser, lui, est reconnaissable au fait qu'il espère, justement, qu'une victoire changera toute son existence. Et il finit non seulement par avoir peur de perdre, mais pire encore, de gagner. Pas Nadal. Jamais Nadal. Nadal, lui s'en fout complètement. Son mental est trempé dans un acier inoxydable. Et je n'ai jamais vu un champion se jouer à ce point de l'adversité : il est programmé tard le soir, les conditions météo lui sont défavorables, il joue plusieurs jours de suite ? Qu'à cela ne tienne, il ne met que plus d'ardeur à lutter contre ces éléments contraires. Et à en tirer le plus grand profit. Cela le rend furieux, certes. Mais ça le rend aussi plus fort".

Si je ne suis pas d'accord avec cette appellation de "winner" ou "looser" qu'il emploie, parce que l'on ne peut pas ranger ainsi les sportifs dans des cases, mais il illustre bien ce qui rend Nadal si fort: il ne se concentre pas sur le résultat ou les conséquences du résultats, mais se concentre sur ce qu'il sait faire et le fait du mieux possible.

Apprivoiser l'incertitude, c'est accepter que l'on puisse s'investir totalement et réussir ou ne pas réussir. Rien n'est garanti, mais les efforts que l'on fournit chaque jour sont la seule chose que vous pouvez maîtriser.

Michael Phelps
Parfois, il suffit de sortir un peu de sa zone de confort, celle qui vous rassure, de vos superstitions et de vos croyances et de se lancer des défis simples. Plus vous vous créez des occasions de sortir de votre zone de confort, plus vous apprenez à vous adapter à de nouvelles situations, et dépasser vos peurs liées à des incertitudes. Si vous faites cela avec des choses simples de la vie, cela changera votre attitude en compétition également.

Ne laisser pas l’incertitude vous paraliser et tomber dans l’immobilisme. Prendre des risques, ca veut dire oser être à la hauteur de vos envies.Vous avez peut être perdu de nombreuses compétitions avec le sentiment de ne pas avoir tout donner. Certes, il est plus difficile de perdre en ayant joué à fond et d'arriver à se dire qu'on était pas à la hauteur. Mais c'est cela l'apprentissage, accepter la réalité et repartir sur de nouvelles bases. Il faut parfois admettre que l'on était pas encore prêt pour cette compétition mais c'est ainsi que vous construisez votre sentiment d'être capable de réaliser quelque chose. En prenant des risques, en explorant vos possibilités, vous ferez un grand pas sur la gestion de vos émotions, de vous-mêmes et vous risquez de découvrir capable d'arriver à la hauteur de vos ambitions. En apprivoisant l'incertitude de la compétition, vous apprendrez des choses sur vous-même qui seront utiles toute votre vie et vous apprendrez que faire face à un obstacle finira par être plus réconfortant que de l'éviter.


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