Magazine Culture

APOCALYPSE BEBE de Virginie Despentes

Par Phooka @Phooka_Book

APOCALYPSE BEBE de Virginie Despentes
Editions GrassetPublié en 2010342 pages 19 euros
Présentation de l'éditeur
Valentine Galtan, adolescente énigmatique et difficile, a disparu.La narratrice, Lucie, anti-héroïne trentenaire, détective privée sans conviction ni talent engagée par la grand-mère de Valentine pour surveiller ses faits et gestes, l’a perdue sur un quai de métro parisien. Comment la retrouver ? Que faire des édifiantes photos de Valentine qui la montrent si expérimentée avec les garçons ? Aurait-elle rejoint sa mère, qu’elle n’a jamais connue, à Barcelone ? Le mieux pour Lucie serait de faire équipe avec la Hyène, une « privée » aux méthodes radicales, une femme puissante, au corps souple, plein d’une violence qui s’exprime par saccades : moyennant finances, et aussi par amusement, La Hyène accepte le marché.Voici les collègues mal appariées, l’une lesbienne volcanique, l’autre hétéro à basse fréquence, qui traversent la France et l’Espagne jusqu’à Barcelone à la recherche d’une petite fugueuse, une gosse mal grandie, une fille de la bourgeoisie qui finira, on ne vous en dit pas plus, par rejoindre le camp des irréductibles.
L'avis de Phooka:
Voilà bien le genre de livre que je ne lis que rarement et que j'étais presque inquiète d'attaquer. Mais à ma grande surprise, je me suis retrouvée à dévorer les pages en ayant bien du mal à le reposer.A travers une enquête de type polar (une adolescente à problème disparue mystérieusement), Virginie Despentes en profite pour nous dépeindre tout un ensemble de personnages, et la moindre des choses qu'on puisse dire c'est qu'elle n'est pas tendre !Tout le monde y passe, depuis l'écrivain en déclin (quel tableau elle en fait, c'est carrément impressionnant) , à sa femme bourgeoise coincée en passant par la bonne-sœur dont on préférerait ignorer les motivations, ou par La Hyène à qui la vie n'a pas fait de cadeau mais à qui elle n'en fait pas non plus. Bref, on ne peut pas rester indifférent devant une telle image de notre société, puisque c'est bien de ça dont elle parle.
Un petit extrait pour vous en donner la saveur:
Les enfants sont les vecteurs autorisés de la sociopathie des parents. Les adultes geignent en faisant mine d'être dépassés par la vitalité "destroy" des petits, mais on voit bien qu'ils jouissent d'enfin pouvoir emmerder le monde en toute impunité, au travers de leur progéniture. Quelle haine du monde a bien pu les pousser à se dupliquer autant?
Ça donne le ton non? Tout est du même acabit. C'est un regard féroce mais souvent assez juste des travers de notre société actuelle. Mais malgré tout, je préfère rester un peu naïve et bête et ne pas voir le monde comme ça pour ma propre sauvegarde, même si cela consiste à faire l'autruche! En lisant le roman, je m'imaginais en face de Virginie Despentes et je me disais que je me sentirais mal à l'aise en me demandant comment elle décrirait ma vie et mes petits travers! :))N'empêche, cette description au vitriol de nos habitudes et des différents personnages est franchement accrocheuse. Elle utilise notre côté voyeur pour nous plonger encore un peu plus dans le roman et c'est très réussi!Sur le fond, l'enquête on s'en fiche un peu. Bien sûr on a envie de savoir où est Valentine et pourquoi et comment elle a disparu, mais ce n'est pas le but qui intrigue. Ce n'est pas l'arrivée, mais bel et bien la route qui y mène qui accroche le lecteur. Route parsemée de paysages et donc de gens, tous plus passionnants les uns que les autres...On les regarde comme on regarderait un tableau dans ses moindres détails, même les plus horribles...Seul personnage à passer un peu au travers de tout ça, c'est la narratrice, détective privée de son état, femme effacée, sans intérêt, sans relief. Mais on comprend tout à la fin que ce road-book c'est son "déclencheur" et que grâce ou à cause de ça, elle va changer radicalement de vie.Parce que la fin est elle aussi inattendue (voire même un peu exagérée sans doute) et pas tendre, mais pourtant elle va donner toute leur grandeur à certains personnages et au livre lui-même.Malgré toute cette dureté apparente, on se rend compte que l'auteur aime ses personnages car le roman n'est pas dénué de tendresse. Qui aime bien châtie bien, en tout cas ce livre est un reflet de ce proverbe... Je peux facilement imaginer qu'on n'aime pas ce roman. Moi j'ai beaucoup aimé ce tableau (noir) de notre société. Je ne lirai pas ce genre de livre tous les jours, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir.Une écriture puissante et très évocatrice qui ne peut pas laisser indifférent.
Livre lu en partenariat avec Price-Minister. Merci beaucoup à Rémi de m'avoir permis de découvrir ce livre!

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Phooka 16646 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines