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40ème Interceltique

Par Amaury Piedfer
40ème Interceltique
La 40ème édition du célèbre festival interceltique s'est tenu à Lorient au mois d'août dernier. Comme d'habitude, ce fut un franc succès et les pèlerins du "celtisme" affluèrent par myriades des quatre coins de la Keltia.
Bien sûr, tout cela est plutôt sympathique et contribue à faire vivre l'idée celte et à diffuser certains modes d'expression propres à l'Europe atlantique. Bien sûr, cela reste avant tout un phénomène de masse à des années-lumières de la Tradition et ne représente qu'un bien mince vernis "identitaire" sur une société désormais intégralement marchandisée. Mais enfin, la transmission d'une petite part de notre héritage ne laisse pas indifférent, et le succès constant du festival de Lorient doit sans doute être interprété comme la preuve qu'une bonne partie de nos contemporains sont en quête d'authenticité, en quête de leurs racines et savent reconnaître la valeur de l'héritage européen, quand bien même nos structures sociales ne produisent plus d'identités collectives.
Ce que ce festival fait également apparaître, c'est la faible pertinence du qualificatif "celte" pour les cultures contemporaines : les Keltoi étaient les habitants de l'Europe intérieure antique ; leurs héritiers linguistiques actuels ne forment qu'assez peu une "nation" et la mise en série des musiques qu'ils produisent montre bien qu'il est arbitraire de mettre dans le même panier un Alan Stivell, une Luz Casal, des Navigators ou des Cranberries, aussi talentueux soient-ils. N'empêche, l'ensemble témoigne de la belle vitalité de la musique populaire dans une partie de l'Europe (et de l'Amérique du Nord) et donne envie de crier, avec Stivell :
"Un peu Gaulois, très Gallois, Européen sans doute" !...40ème Interceltique..............................Une nation celte ?
Car la crise identitaire de l'Europe est bien sûr au coeur du phénomène. Ainsi, le directeur général de l'édition 2010 pouvait déclarer [1] :
"A l'heure de la mondialisation, le débat identité/universalité est erroné. Personne n'est de nulle part. Nous sommes citoyens du monde dans la mesure où nous sommes enracinés dans un endroit précis de la planète".
Le concept evanescent de "citoyen du monde" n'a aucun sens anthropologique, mais enfin, on voit bien que l'auteur défend l'idée que nous avons si souvent exprimé ici : la condition humaine s'accompagne nécessairement d'un enracinement communautaire qu'il est vain de vouloir nier, mépriser ou ringardiser.
Amaury Piedfer.
[1] Editorial du CD publié par Keltia Musique.

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