Les chaussures italiennes – Henning Mankell

Par Theoma

Parce que je croyais que Mankell était exclusivement un auteur de polar, je m'attendais bêtement à me plonger dans une lecture pleine de frissons. Malgré l'ambiance glacée assurée, Les chaussures italiennes n'a rien d'une enquête policière mais d'une quête à la seconde chance. Je n'ai pas été déçue bien au contraire, j'ai même eu besoin d'une ou deux polaires car j'étais sur cette île de glace perdue au milieu de nulle part où  le facteur livre son courrier en hélicoptère.

Un homme qui vit dans un trou perdu et qui tous les jours creuse un trou dans la banquise et s'y plonge nu car c'est le seul moyen qu'il a trouvé pour se sentir vivant ! Un homme aussi paumé que sa maison qui, soudain, voit débarquer avec un déambulateur la seule femme qu'il a aimé. Il fallait oser traiter le paradoxe d'une histoire aussi banale que rocambolesque.

Se couper du monde durant des années pour mieux se faire rattraper par ceux que l'on a fuit. L'auteur a réussi à éviter l'iceberg du manichéisme malgré des thèmes abordés mille fois. La vie qui est dure comme la glace et brusquement une fente, le bloc se craquèle mais de là à y voir une fleur pousser, faut pas rêver !

Une écriture épurée, simple, porteuse de la fragilité d'un homme défaillant. Une bonne traduction suédoise, comme quoi c'est possible...

Seuil, 340 pages, 2009

En poche dès février 2011

Extrait

« - Tu as quinze ans, a insisté mon père. Le moment est venu de choisir un métier. Que penses-tu de la restauration ? Tu pourrais gagner de l'argent en faisant la plonge et te payer un voyage en Amérique après ton brevet. C'est une bonne chose de voir du pays, à condition d'avoir de bonnes chaussures.

- Je ne veux pas devenir serveur.

Ça avait fusé malgré moi. Je n'ai pas réussi à interpréter la réaction de mon père : était-il déçu ou soulagé ? Il a bu une gorgée de vin et caressé du bout du doigt l'arête de son nez. Ensuite il m'a demandé si je n'avais réellement aucun projet.

- Non.

- Tu dois bien avoir une idée. Quelle est ta matière préférée ?

- La musique.

- Tu sais chanter, toi ? Première nouvelle.

- Je ne sais pas chanter.

- Tu as appris un instrument en cachette ?

- Non.

- Alors pourquoi la musique ?

- Ramberg, le prof de musique, ne s'occupe pas de moi.

- Que veux-tu dire ?

- Il ne s'intéresse qu'à ceux qui savent chanter, les autres, il ne les voit même pas.

- Tu veux me dire que ta matière préférée, c'est celle où tu n'existes pas ? »

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Par Theoma - Publié dans : Romans étrangers - Communauté : Lecture sans frontières
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