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Récits anonymes #12

Publié le 12 août 2008 par Menear
Les salons de coiffure font de bons récipients pour les récits anonymes, c'est comme ça, je ne me l'explique pas. Ok, un peu quand même.
Une dame que je situerais dans les soixante ans environ, assise à ma gauche, que j'imagine blonde, ou bien décolorée, parce que je ne la vois pas, ni n'ai envie de la voir : elle se trouve dans un angle mort entre la jointure fictive des deux miroirs (reflet) et la position de la personne qui me coiffe (qui ne deviendra jamais « ma coiffeuse » tant elle est nulle et pénible à supporter). En plus, je n'ai pas mes lunettes, donc non, je ne la vois pas, ni n'ai envie de la voir (bis).
Cette dame, donc, lorsqu'elle apprend que je viens de la Sarthe, parce qu'évidemment dans ces endroits là on vous force à raconter votre vie quand bien même vous n'avez qu'une envie, c'est tirer la tronche, mais peu importe, lorsqu'elle apprend que je viens de la Sarthe, donc, elle sort :
Mais la Sarthe c'est très joli, très très joli, oui, j'en ai gardé de très bons souvenirs, lorsqu'avec mon mari on partait en vacances pour la Bretagne et que pour nous rendre tout là-bas, on traversait la Sarthe, c'était superbe, je me souviens, on partait comme ça sur le coup des cinq heures du matin – cinq heures, vous imaginez ? – et donc vers dix heures on s'arrêtait dans la Sarthe, j'ai oublié où exactement, parce qu'on ne faisait que traverser le département, vous comprenez, mais c'était une campagne, une très jolie campagne, j'ai oublié son nom, peu importe, on s'arrêtait par là-bas, on sortait le pique-nique, on mangeait des sandwichs aux rillettes du Mans – à dix heures du matin, oui, oui, mais comme on était parti à cinq heures de la région parisienne, forcément, à dix heures on avait déjà faim, forcément, c'est normal –, et puis on buvait – remarquez je suis pas bien du genre à boire, moi, mais là j'avoue que c'était pas de refus – on buvait un petit vin blanc très fameux, là encore j'ai oublié son nom, mais je me souviens qu'il était très agréable, et comme je ne suis pas quelqu'un qui bois beaucoup, j'appréciais d'autant plus cette petite bouteille – même à dix heures du matin, oui, oui – parce que c'était comme un événement vous voyez.
Condensé pour ceux qui n'auraient pas le courage de tout se taper : Mais la Sarthe c'était comme un événement vous voyez.

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