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Vases communicants

Publié le 04 juillet 2008 par Menear
Drôle de temps. Les cartons s'entassent, les piles de livres aussi et puis les piles de livres disparaissent dans les cartons et les cartons restent scotchés au sol. Les fringues débordent des panières, les sacs poubelle viennent à manquer. Rien de bien inhabituel en réalité : simplement le troisième déménagement en un an. On s'y fait d'autant plus que quitter la Sarthe ce n'est pas franchement un crève-cœur (dix mois c'est suffisant).
Depuis quelques jours c'est un peu le principe des vases communicants par ici. D'un côté on dénude les murs de leurs étagères, affiches, bouquins, petits objets divers, de l'autre, l'ouvrier du collège refait le couloir, repeint les encadrements de portes, tapisse. D'un côté, on se sépare de notre table basse qui n'est pas à nous, on range la vaisselle dont on se sert peu ou pas, on déplace la commode, de l'autre, l'ouvrier du collège transforme la pièce interdite en pièce tout court. Déconstruire d'un côté pour rebâtir de l'autre.
Pour une fois, on apprécie le luxe d'avoir le temps, tant pis s'il est drôle. Fini les préparatifs-catastrophes, fini le déménagement-en-trois-jours (j'ai testé pour vous, c'est loin d'être agréable). On peut enfin s'y mettre petit à petit, sans trop se crever, sans trop souffrir de la pression d'une deadline qui n'existe pas. Très différent de septembre dernier, donc. Simplement : la légère impression de se précipiter à pieds joints dans le vague, dans le vide. Parce qu'au jour d'aujourd'hui nous préparons un déménagement qui ne nous conduit nulle part. Simplement dans le flou d'un coup de fil qui tarde à venir. Et s'il ne vient pas, quel point de chute vers lequel se rabattre ? Bonne question. Nos recherches de la semaine dernière ne nous ont pas fourni le luxe de pouvoir envisager un plan B.
En attendant : préparer le départ sans trop subir le stress de l'arrivée. Un retour en Bretagne pour quelques jours et d'autres quelques jours à passer sur Sainté également. En attendant, on continue de transvaser de notre vie d'ici vers une vie d'ailleurs encore fictive : récupérer des cartons au Super U du coin, monter les cartons, remplir les cartons, refermer les cartons, badigeonner les cartons de scotch, stocker les cartons. Une histoire de cartons, donc. Pour le reste : trier, caser, jeter, choisir. On ne pourra pas tout emporter. Ce matin, j'ai déjà jeté deux manuscrits imprimés, soit trois cent et quelques pages, un vieux truc qui n'avait pas trouvé preneur parce qu'effectivement mauvais et que j'avais gardé jusque-là Dieu sait pourquoi. Le tout sur des airs d'Alabama Song.

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