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Les noces de trottoir

Publié le 09 août 2007 par Menear
La danse, ça n'a jamais été mon truc. Pas que j'ai un jour fait l'effort d'assister à un spectacle en particulier, je n'ai même jamais fait l'effort de regarder quoi que ce soit en vidéo ; je n'ai jamais éprouvé d'attrait particulier à l'encontre de cet art, je n'ai jamais su quoi en penser, je n'ai jamais pu y être réellement confronté. C'est ce que j'entends par « c'est pas mon truc ».
Avec ce spectacle là, Les noces de trottoir, toujours au FAR, j'aurais au moins pu me confronter avec un spectacle de danse (et par spectacle de danse j'entends : une scène avec des gens dessus qui dansent, on ne va même pas essayer d'aller plus loin dans la définition, merci). Histoire, peut-être, de me conforter dans mon idée que « ce n'est pas mon truc ».

Le spectacle en lui-même était sans doute très bien, je ne remets pas en cause sa qualité intrinsèque. J'y ai apprécié la musique, quelques moments amusants, certaines images particulièrement saisissantes, deux ou trois performances techniques et/ou physique qui font dire « ouaaaah » à la foule en délire (sic). Mais au-delà de ça, est-ce que j'ai été réellement touché par quoi que ce soit à la suite de cette heure là ? Non, pas vraiment.
Difficile de suivre tout ce qui se déroule sous mes yeux, d'autant plus que la scène est large et que les danseurs sont nombreux. Des couples se forment, se mélangent, alternent, des duos restent sur le devant de la scène plus longtemps, mais combien de fois sont-ils tous réunis au milieu ? Et je ne sais plus où donner de la tête, c'est ce qui me déplaît tant avec le spectacle vivant, ne pas pouvoir capter la performance dans sa globalité, n'avoir aucun contrôle sur ce que je vois, subir sans rien pouvoir faire ce que les autres expriment. Difficile, aussi, de mettre en mot ce genre de ressenti qui d'ordinaire touche plutôt à l'impression, voire à l'intime. C'est peut-être aussi ce que j'entends lorsque j'écris que « ce n'est pas mon truc ».

Qu'importe. Devant moi glissent des corps qui ne sont pas habités. Ils ne parlent pas, ils ne sont pas, ils bougent et puis c'est tout. Ils s'envolent, retombent, se retournent, s'enlacent, disparaissent...
Mon regard a une tendance naturelle à dévier du cadre naturel de la scène, il accompagne le mouvement ralenti de ce danseur-là qui quitte l'espace scénique et se dissimule dans ce qui aurait du être les coulisses si nous nous étions trouvés à l'intérieur. Sauf que nous ne sommes pas à l'intérieur. Je le vois se positionner derrière ce grand panneau, se changer, attraper une bouteille d'eau. Voir l'envers du décors, ce qui d'ordinaire, dans la logique du spectacle, n'existe pas. Contourner les règles, essayer de comprendre le « truc », c'est à dire le moment où de Spectacle, le danseur, redevient individu. Une fois qu'il retourne sur scène, ça y est, il n'existe plus à nouveau, il n'est plus que celui que je suis censé voir et sur lequel je n'ai plus aucune prise. Sa beauté (à la fois sa beauté esthétique et celle de la mise en scène) n'est qu'un écran flagrant que je partage avec les autres spectateurs. Cependant celle-ci me fascine, m'impose sa présence, son existence et mon regard suit, peut-être parce que c'est ce qu'il doit faire en pareille situation. Le grain de sa peau, pourtant, n'existe pas plus que l'éclat de son regard quand il voit une danseuse qu'en fait il fait semblant de voir. J'ai loupé le moment clé, j'ai loupé le « truc » et traquer l'envers du décor ne m'a pas aidé, ou si peu. C'est peut-être ça qui me laisse se goût amer dans la bouge quand je me lève et que je repars...

Du spectacle en lui-même je ne peux rien dire. Je me sens totalement désarmé vis à vis de cet art-là. Je ne sais pas du tout ce que je dois en penser. J'ai peut-être totalement zappé la danse, je me suis peut-être complètement perdu ailleurs. Et je me dis que quelque part, le simple fait d'avoir été travaillé par ces quelques instants que j'énonce plus haut, cet ailleurs, signifie que ma réception n'a pas été aussi inutile que je le crois.

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