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Décompte

Publié le 05 août 2007 par Menear
Une deuxième nouvelle vient garnir mon réservoir "papier" de textes mis en ligne. Comme "Sablier", "Décompte" était à l'origine destiné à être envoyé à Griffe d'encre pour un appel à textes consacrés à des proverbes. Contrairement à "Sablier", je n'ai jamais envoyé celui-là, pour la simple et bonne raison qu'au fil de l'écriture, la nouvelle est peu à peu devenue autre chose que ce que j'avais initialement envisagé. En gros, elle ne correspondait plus du tout au thème "proverbes" de l'appel à textes. Du coup, voilà un nouveau texte qui se retrouve là, attendant d'être lu, et pourquoi pas apprécié, sait-on jamais, malgré son principe (que je vous laisse découvrir) assez particulier.
Avec cette nouvelle je n'ai pas essayé de faire quelque chose en particulier. Je n'ai pas vraiment écrit d'intrigue. Il n'y a pas d'histoire, très peu de personnages et quasiment pas d'action (ça donne envie, hein ?). Je suis simplement parti d'une idée de départ, qui provient d'une chanson amusante d'une OST de Cowboy Bebop, et j'ai brodé autour, jusqu'à ce que les mots s'emplissent d'une autre musique, celle de la Sonate au clair de lune de Beethoven qui soutient tout le texte (je l'ai écrit en écoutant intégralement cette musique, en boucle, pendant trois semaines).
Ma seule ambition avec ce texte la voici : je souhaitais rendre en mots une conscience mentale cyclique, des pensées incapables de se défaire de leurs propres mouvements répétitifs, l'altération progressive des souvenirs... Mais peu importe. Une explication pour ce genre de texte est inutile. Je préfère vous laisser avec les mots qui le composent...
Trois tables rondes et vides dans le coin droit et un filet de poussière discret sur leur surface – poussière absente des rebords du comptoir voisin – ; quelques notes distendues, accords incertains, résonnées contre l'angle du mur. Comme une ambiance de fin de rêve.
Au-delà du bar, irrégulièrement alignées sur l'étagère contre le mur, cette mosaïque de bouteilles aux couleurs éparses ou émoussées. Des reflets de verre déformés par les liquides intérieurs clairs, roux, rouges ou noirs. Des reflets aux formes diverses, aux sculptures variables. Quelques étiquettes affichées, discrets assemblages cubistes. De nombreux verres suspendus la tête en bas, rêches et ternes. Un seul posé à l'endroit sur la surface du bar, un liquide couleur or répandu à l'intérieur, la main droite d'un homme tout autour. Et, fixés contre le comptoir, deux robinets à bière, deux larges tubes taris et figés. Le corps de cet homme assis sur l'unique tabouret et, sur sa gauche, les feuilles vertes et rousses d'une plante qui s'étendait hors de son pot pour venir s'y figer. Ancré sur son tabouret, il se retournait aux sons décadents du piano faussement déréglé.

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