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Notes préparatoires sur « Épilepsie »

Publié le 01 avril 2007 par Menear
Précision : La démarche qui concerne ce billet (qui appellera une série d'autres billets) consiste en une sorte d'expérimentation. J'aimerais me servir de cette catégorie du blog pour dévoiler toute une partie cachée de mon « travail », c'est à dire le processus de recherche, d'études, de réflexions préparatoires, avant de commencer à rédiger, donc. Je l'ai fait quelques fois, mais de manière distraite et pas vraiment pertinente. Désormais j'aimerais être un peu plus exhaustif et faire émerger quelques informations parallèles, qui n'aideront pas forcément à la compréhension ou à l'appréciation du texte, mais qui offrira, peut-être, une vision complémentaire. Je me dis que ce pourrait être l'intérêt du blog.
En l'occurrence, ce billet (série de billets) s'intéresse donc à une nouvelle, « Épilepsie » actuellement en « instance d'écriture ».

L'idée d'un tel projet m'est venue il y a plusieurs mois déjà, je ne sais plus exactement pourquoi ni comment (qu'importe), mais c'est vrai que ça me trottait dans la tête depuis un moment. Ce projet, pour l'instant, ce n'est qu'une nouvelle, « Épilepsie », pas encore écrite, mais il pourrait se décliner en plusieurs textes, en une série de nouvelles différentes.
Le projet en question vise à développer en textes de fiction des « Pathologies Médicales » (c'est d'ailleurs le nom de l'entreprise, c'est comme ça que j'ai baptisé le dossier qui recevra mes textes dans le répertoire « Nouvelles » de mon disque dur). Cela ne veut pas dire que je veux écrire sur des gens malades, ou sur des gens qui soignent ces maladies. Mon « ambition », c'est de rendre compte dans le texte de la pathologie qui m'intéresse. C'est à dire que la narration doit devenir cette pathologie. Ça ne veut pas dire non plus que je me refuse à toute intrigue et/ou personnage. Les personnages sont présents (il y en a trois, trois principaux, dans « Épilepsie ») et je ne souhaite pas tomber dans la facilité sans intérêt qui voudrait montrer un personnage atteint de la pathologie, et d'autres regards (en fonction du nombre de personnages) qui montrent la pathologie depuis leurs subjectivités respectives. Je ne veux pas non plus décrire le quotidien d'un personnage atteint de la pathologie en question. Je ne sais pas si c'est clair, ni si je parviendrai à un tel résultat, mais c'est ce que je veux faire ; chaque tentative (chaque texte, chaque nouvelle) constituera un coup d'essai. En l'occurrence, vous l'aurez compris, la pathologie en question, pour cette première nouvelle, ce coup d'essai, c'est l'épilespie.
Comme toujours le processus préparatoire à la fiction passe par différents stades, différentes évolutions. La première esquisse de ce projet de nouvelle impliquait trois mouvements, correspondants aux trois personnages, ainsi que le suggère cette première feuille de notes, élaborée en cours (latin, probablement), la feuille est mal scannée mais le principal est lisible (ce qui n'est pas mon écriture vient de Nico) :
Notes préparatoires sur « Épilepsie »
Epilepsie, Notes 1 : cliquez pour voir en taille réelle.

En version traduite, cela donne :

3 mouvements = 3 personnages
1er type : Léo / Léonard : « activiste » écolo > rencontre personnage central
Pesonnage central : L'éolienne, seul, au moment de sa 1ère création.
La fille : Nada : amie ? plus ? De l'Éolienne. A la fin : engueulade entre eux avant sa mort.
Léo : activiste écolo, involontairement à la base du projet Éolienne. Modèle de caractère qui s'incarne dans son idéologie.
Eolienne : casse-couille autisto-agressif > s'en fout de toute la dimension écolo du projet > s'intéresse uniquement à l'objet qu'il construit. A la fois mutique et exubérant.
Nada : 29/30 ans, piercing, cheveux noirs, queue de cheval, maternelle, calme, s'occupe de toute l'intendance de la pseudo-ville.
+ passage dans III) Éolienne regarde son « camp » par la fenêtre, regarde vivre les autres, jusqu'à ce que tout les autres se retournent en même temps et regardent à l'intérieur de son « atelier », puis rentrent par la fenêtre, remplissent la pièce jusqu'à étouffement. Fantasme.


Tout ce qui est noté ici n'est pas forcément conforme avec ma vision du projet, à présent. La fin, notamment, n'est pas celle que j'envisage actuellement. Les personnages, eux aussi, ne sont pas, au moment de cette prise de notes, totalement arrêtés, clairs.
L'intrigue, en revanche, est resté grosso modo la même. Elle tient en une phrase : un pseudo-artiste fabrique des éoliennes artisanales, ses productions sont récupérées par un mouvement écolo qui déploie un « camp » autour de lui. Plus d'infos à ce sujet dans les bilets suivants.
Les modèles « physiques » des personnages, sont eux, à peu près clairs dans ma tête. L'activiste écolo est calqué sur « le type des Don Quichotte », Augustin Legrand (c'est venu naturellement, c'était une évidence), alors que le personnage central sera lui plutôt rapproché de Lou Reed (dans son comportement, surtout). Le personnage de Nada, s'il est défini dans ma tête (une sorte de version vieillie d'une fille qui était avec moi au lycée, mais vaguement, je m'en suis rendu compte après coup), n'a pas de modèle réel.
Notes préparatoires sur « Épilepsie » Notes préparatoires sur « Épilepsie »
Augustin Legrand - Lou Reed

Enfin, la narration reste un problème. Au début, il devait s'agir d'un compte rendu à la première personne, le personnage-narrateur devant être celui de l'activiste écolo. Mais les choses ont changées depuis : je ne pense pas pouvoir rendre compte de la pathologie de cette façon et de manière optimale, et d'une, et enfin je dois me détacher d'une tentative de premier jet beaucoup trop marqué par certaines de mes influences ; je venais de relire Auster et ça me manquait de ne plus essayer d'écrire comme lui. Ce pseudo premier jet, dont voici l'intégralité non retouchée, est évidemment trop lacunaire pour pouvoir servir de base de travail. Je reviendrai donc dessus : la question de la narration me paraît claire : seule une narration « omnisciente » peut exprimer ce que j'ai en tête.

J'ai rencontré l'Éolienne alors qu'il ne se faisait pas encore appeler « l'Éolienne ». Drôle de surnom, quand on y pense, mais à l'époque, quand on l'a trouvé, naturellement, évidemment, il nous a simplement semblé rendre effectif par les mots les impressions générales que nous transmettait son personnage. Car je suis persuadé qu'il s'agissait avant tout d'un personnage. Personne ne peut-être aussi cinglé.
La première fois que j'ai vu l'Éolienne, il portait déjà la barbe, de même que son panneau en carton accroché autour du cou avec l'inscription « NE PAS RÉANIMER » écrit au feutre vert. D'une minute à l'autre, il pouvait passer de vingt-cinq à quarante ans. En fin de compte, je n'ai jamais été vraiment sûr de son âge. Pas même vers la fin.
L'Éolienne s'appelait Marc, mais je l'ai aussi entendu répondre à des noms comme Mathieu, Mat ou Michael. Là encore, je n'ai jamais vraiment su quelle était son identité. Je crois même que tout le « problème » de l'Éolienne tenait dans son identité, si tant est qu'il en est eu une et une seule et si tant est qu'il ait eu un problème.
En ce temps-là, il paraît plausible de croire qu'il n'avait jamais touché à l'Architecture de toute sa vie, qu'il ne s'y était jamais intéressé et qu'il n'avait aucune raison de le faire. Rien ne le prédestinait à accomplir ce que certain ont qualifié comme étant sa « destiné », mais que lui-même n'a jamais pris au sérieux, ce qui explique la façon dont tout s'est terminé... Ce qui explique, également, son incroyable faculté à se foutre de tout et de tout le monde.


A suivre... (?)

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