Hop, dans la foulée du mini-site, je vous présente la première (et peut être la seule pendant un petit moment) nouvellle destinée à creuser un peu l'univers dans certains aspects. Celle-ci a surtout pour fonction de présenter deux personnages complémentaires de la série, j'ai nommé les deux journalistes concernés, et dont on peut consulter certains de leurs articles en navigant sur le mini-site. Voilà, je crois que je vous ai tout dit. Bonne lecture !
A vingt-sept ans et bien qu'il en paraissait cinq de moins, De Guernisac posait son regard fixe et sombre sur un " interrogé " pour le compte d'un grand quotidien national pour la première fois de sa vie. Malgré la pression que l'on peut supposer et l'enjeu toujours déterminant d'un bon départ professionnel, le jeune journaliste ne paraissait ni nerveux, ni perdu. Il avait simplement ce regard obstiné qu'il aurait toujours par la suite, le regard d'un perfectionniste qui aime autant son métier que la rigueur qui s'y attache inévitablement. Nous étions en 1917 et le journal qui l'employait s'appelait " Le Petit Républicain " et s'opposait, plus par tradition que par réel antagonisme journalistique, au très populaire " La Voix Française ". Ce jour là, le jeune journaliste avait devant ses yeux Wanderlei Mariano, l'un des danseurs d'un ballet brésilien venu pour trois semaines à Paris et qui préparait une tournée dans l'Europe entière. En bon journaliste, De Guernisac s'était renseigné sur son " interrogé " et savait que le danseur possédait une jambe plus courte que sa jumelle de quelques centimètres, ce qui en faisait une attraction intéressante aux yeux de ce qu'on appelait " le grand public ". Le jeune journaliste l'avait prévu, cette anecdote serait sans doute le point d'orgue de son entretien. Celui-ci avait lieu dans l'un des bureaux exigus de l'Opéra de Paris dans lequel la troupe brésilienne se produisait. On n'y trouvait que deux chaises, mises face à face, et une petite table, plaquée contre le mur afin de laisser de l'espace aux deux hommes. Dans la main du danseur, une tasse de café ; dans celle du journaliste, un carnet, encore vierge, ainsi qu'un stylo à plume noir. Quelques minutes plus tôt, le jeune journaliste avait timidement refusé le café qu'on lui avait proposé d'un geste de la main. Wanderlei Mariano, lui, l'avait accepté. L'entretien débuta alors, lorsque De Guernisac ouvrit son carnet sur la première page, lorsqu'il se saisit de son stylo et lorsqu'il dit : " Bien, commençons ".
Lire la suite.
