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La théorie de la contorsion

Par Fibula
La théorie de la contorsionLa théorie de la Contorsion, Margaux Motin, Éditions MARABOUT, 2010
Une femme qui pète peut-elle être coquette ?
Bon je sais, je sais, les flatulences n’ont absolument aucun rapport avec la coquetterie, cependant il fut une époque où une femme devait se comporter comme une statue répondant aux canons de beautés édictés par la bienséance masculine et il était bien entendu impensable d’imaginer le fruit d’une rose avoir lui aussi des intestins et tout ce qui va avec.
Heureusement, dans notre cher XXIème siècle, les choses évoluent. Enfin, disons que même si on est encore loin de l’égalité homme femme dans le monde et en France notamment - 136ème place derrière le Mozambique selon certains critères quelque peu contestables... - les femmes maintenant peuvent enfin révéler à la face du monde qu’elles aussi se “gratte[nt] les couilles”. Ce qui, à mon humble avis, est également contestable...
Cependant, dans ce siècle de grande transparence, les femmes parlent, s’expriment et révèlent que la féminité ne repose pas uniquement sur les jolies étiquettes que les hommes leur ont collé depuis des siècles. Et Margaux Motin est là pour nous le rappeler : “Ma sœur et moi, faut dire ce qui est, on est un peu Audrey Hepburn et Kim Basinger... Mais finies à la pisse...”. Tout un programme !
La Théorie de la Contorsion est le deuxième album de l’auteure trentenaire qui développe toutes les dimensions de la (sa?) féminité au travers de courtes tranches de vies.
Il est donc question dans cet ouvrage des multiples portraits d’une femme actuelle qui surfe entre l’éducation de sa fille, sa relation avec l’homme de sa vie, son boulot d’illustratrice et sa passion pour les chaussures.
Bien entendu, je résume, je résume. Car bien plus de sujets aussi intéressants que les déboires bancaires, la gym et les complexes physiques sont évoqués avec beaucoup d’humour et de bonne humeur. D’ailleurs, ce livre se lit très bien, aussi bien que les pages du blogue de Margaux M. . Et c’est peut-être là la limite de ce genre de littérature...
Personnellement, je trouve toujours rigolo de lire les aventures de môssieur et madame tout le monde sur les zillions de blogues qui peuplent le monde formidable de l’Internet. Et certains comme celui de Boulet ou alors dans un registre un peu différent Lewis Trondheim ou encore Maliki sont très sympas. Et il y en plein d’autres !
Celui de Margaux Motin est également marrant, mais de là à éditer sous forme d’un livre... Notez que ce reproche s’applique également aux autres auteurs cités.
Bref, on est pas en train de lire Reiser ou Claire Brétécher, on lit juste une forme différente de blogue personnel : à la place des textes, des photos du chien et des enfants, on a des illustrations.
C’est dans l’air du temps, c’est facile d’accès, ça permet sans doute de se sentir moins seul sur Terre, mais bon une fois qu’on l’a lu, ça partira directement aux zoubliettttes ou alors on le fera passer aux ami-e-s.
D’ailleurs, à bien y regarder, je pense que ce livre est fait pour ça : proposer quelques minutes de bon temps à partager. Bref comme la lecture du blogue finalement...
C’est donc à mon avis un bon choix en bibliothèque ou carrément sous forme de bookcrossing : si vous l’achetez, faites-le passer !
Heureusement, moi c’est ma chérie qui me l’a offert. On l’a partagé et maintenant il finira sa vie comme un Nicole de Buron : tel le souvenir fugace d’un moment d'extrême légèreté.
Allez, je finirai ma petite critique en disant que je suis content qu’on puisse aujourd’hui vivre de sa passion. Je suis d’ailleurs sans doute le premier à vouloir vivre de mes passions. Et d’ailleurs en y regardant bien, j’ai déjà vécu de mes passions. Donc je souhaite à l’auteur qu’elle puisse vivre de ses livres, ses agendas, ses Post-It ou Dieu seul sait quel produit dérivé en plus de ses illustrations.
Mais quand même, si j’adore son trait j’avoue que je serai un peu triste que ce livre récolte plus de succès que la dernière œuvre de Elodie Durand : La Parenthèse dont il sera question dans ma prochaine critique...
La théorie de la contorsion ou la promesse de l’oubli par Margaux Motin.
François Nicaise

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