KABOOM de Gregg Araki

Campus movie décalé, satire du monde adolescent, relecture fun et sous acide des films de super héros, Araki verse dans la surenchère, jouissive et inspirée. Son cynisme, toujours aussi présent que dans ses précédentes oeuvres, est vomit ici avec humour et délire, décomplexé de toute morale (les personnages sont jeunes, drogués, bisexuels et désespérés), de tout code (thriller? comédie? drame? série B?), et emballé dans une imagerie colorée, festive, efficace. En gros, voilà bien longtemps que l'on n'avait pas autant ri au cinéma! Araki, en choisissant les éclats de rire à l'apitoiement, l'orgasme apocalyptique aux visions assombries de fin du monde, assiste à une décadence générale dont il choisit de se gausser, détaché, je m'en foutiste, jusqu'au boutiste, bien déterminé à ignorer les inquiétants indices, éparpillés par-ci par là, de la catastrophe annoncée. A la place, une accumulation surréaliste des impossibles, des séquences drôlement (dé)culottées, et un pied de nez à la pudibonderie américaine. Kaboom, mix étonnant entre l'onirisme d'un Mysterious Skin et la folie d'un Smiley Face, puise un peu chez tout le monde (Lynch, Waters, Easton Ellis) pour mieux se moquer de tous, et, transforme les saletés latentes de son récit (la mort qui rôde, la jeunesse sacrifiée, l'intolérance d'un monde sur le déclin) en explosion de plaisir, assumée, revendiquée, éjaculée à la gueule des bien pensants, et, des endormis.