Bernardino, Jarvis, Nicolo, Côme et Maël, cinq enfants hospitalisés, sous l'emprise du crabe, ne comprennent pas pourquoi ils ont été transférés après leur opération dans ce monde peuplé de monstres... Est-ce le choc de l'anesthésie ? Ou sont-ils en partance pour un au-delà fantastique ? Entre la vie et la mort, chacun ignore ce dont il est capable...
- Delcourt - Collection Terres de Légendes -
Une BD toute en atmosphère, troublante, fascinante.
Cinq enfants dans un hôpital. Tous dévorés de l'intérieur par un crabe. Le lendemain, c'est l'intervention chirurgicale. Ils forment ensemble la Confrérie du crabe, association qui lutte et cherche à comprendre ce que les adultes font de la bête qu'ils leur extirpent. L'un des aînés est convaincu que les médecins les conservent dans le but de créer un monstre.
" Tu sais, ces crabes, plus ou moins entiers, ces pinces, ces antennes, ces pattes, ces carapaces, ils attendent d'en avoir assez pour commencer à les assembler, les coudre, les souder...Et le créer...Lui ! L'horrible, l'indicible, l'écoeurant, l'inconcevable, l'innomable...Lui...! Le monstre qui mangera le monde ! "Bien plus que le cancer qui ne sera jamais nommé, c'est le Mal que combattent ces garçons. Endormis pour leur opération, ils se réveillent dans un univers étrange, effrayant et sombre. Fantastique ou fantasme ? Le scénario de Mathieu Gallié laisse planer le doute. Les enfants errent-ils dans un monde issu de leur imaginaire, un cauchemar élaboré par leur esprit qui cherche à donner une forme symbolique et reconnaissable à la maladie ? Perdus dans les corridors de la mort ? Emportés dans une autre dimension hors de leurs corps torturés ? Nul ne le sait encore.
Il faudra attendre le troisième et prochain volume, heureusement annoncé pour mi-novembre, pour le découvrir.
L'univers dans lequel les enfants sont égarés est un lieu de danger à l'atmosphère délétère et maléfique, un lieu de nuit morbide qu'ils doivent fuir pour sauver leurs vies. Des épreuves plus que des aventures. Les créatures auxquelles ils sont confrontés, leur château, sinistre et sépulcral labyrinthe, rappellent et rendent hommage à la littérature gothique, aux célèbres figures des classiques du cinéma " d'épouvante " : représentation du Mal ou de la Maladie à travers un vampire digne de Nosferatu accompagné de succubes, loup-garou, référence à Frankenstein, zombies ... évoluant dans un univers graphique qui dépasse ce cadre fantastique.
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Les aquarelles, les couleurs de Jean-Batiste Andreae racontent tout l'onirisme de ce récit, l'angoisse et les enfants, les peurs des enfants. Des camaïeux distillent les atmosphères et les émotions qui imprègnent les pages. Le trait, comme le découpage des vignettes, est aussi fin qu'efficace. Avec beaucoup de style, Jean-Batiste Andreae nous accroche aux petits ballons attachés aux poignets de ces garçons en pyjama, fragiles, dont le franc-parler argotique, lui, nous raccroche à une réalité. Enfantine.
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- Le billet de Ys -
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* La BD du mercredi avec Mango *
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