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Gand et bruges au fil des pas

Publié le 20 octobre 2010 par Abarguillet

GAND ET BRUGES AU FIL DES PAS  GAND ET BRUGES AU FIL DES PAS

    GAND

Bruges et Gand, un grand rêve de jeunesse, ces riches villes médiévales qui nous enchantaient déjà quand nous planchions, jeunes étudiants, sur la fin du Moyen Age et le début de la Renaissance dans ces contrées tellement florissantes à cette époque beaucoup plus luxuriante qu’on l’image habituellement et, pour s’en convaincre, il suffit de se rendre sur place pour constater que le patrimoine est toujours somptueux et que ces villes ont effectivement été très fastueuses et fabuleusement riches.

Et, Pierre Selos attisait notre curiosité et ce rêve en chantant « Le carillon de Bruges » Qui sonne toujours à mon oreille même s’il était muet quand je suis passé par là-bas, pour cause de réfection.

Et, ce n’est qu’en mai dernier que nous avons décidé de réaliser ce rêve antédiluvien : visiter Bruges et Gand mais, après avoir entendu les conseils d’une amie connaissant particulièrement bien ce coin pour avoir résidé quelques années à Gand, nous avons convenu d’inverser la proposition et de visiter Gand et Bruges. En effet, la rivalité n’est pas qu’un mythe entre ces deux villes qui misent sur la carte touristique pour développer leur économie, il nous a paru plus intéressant de résider à Gand qui est une ville universitaire très animée plutôt qu’à Bruges qui fait plus ville musée fermant ses portes après la sortie des derniers visiteurs.

Nous avons donc pris la direction de Gand avec le concours de la SNCF qui a réussi l’exploit de nous conduire de Besançon à Gand en près de 12 h 00, alors si vous souhaitez prendre cette même direction, n’achetez qu’un billet jusqu’à Lille et les cheminots lillois sauront vous indiquer les trains adéquates pour rejoindre Gand dans les meilleurs délais. Nous avons donc accompli un long périple avec un arrêt, plus que suffisant, pour prendre un petit déjeuner à Lille Europe et un déjeuner à Bruxelles Midi par où la SNCF nous avait fait passer alors que les trains circulent directement entre Lille et Gand. Donc après une longue attente, en gare du Midi à Bruxelles, nous avons tout de même rejoint Gand vers 17 h 00, en étant partis le matin vers 5 h 00 de Besançon.

N’ayez aucune crainte les Gantois ne parlent pas forcément français, mais ce n’est qu’un détail et nous en avons rapidement eu la preuve en voulant prendre le tramway qui devait nous conduire à l’hôtel que nous avions choisi. Comme nous cherchions à comprendre le fonctionnement du distributeur automatique de tickets de transport, un sympathique Gantois s’est spontanément présenté pour nous en expliquer le mystère et nous donner les informations nécessaires à notre transport. Ces informations nous ont d’ailleurs été confirmées par un voyageur tout aussi avenant. Il est vrai que parfois certains nous ont pris pour des Belges francophones et dans ce cas l’accueil n’est pas forcément aussi chaleureux, comme à la gare par exemple. Mais ce n’est là qu’anecdote.

Nous avions choisi de résider à l’Hôtel Ibis, juste entre les deux quartiers les plus importants de Gand : le quartier historique et le quartier des arts. Nous pouvions ainsi visiter ces deux quartiers en nous déplaçant seulement à pied. Je dois tout de même préciser que nous n’avions pas forcément choisi la meilleure date pour visiter Gand car la ville est en plein travaux, elle sera splendide en 2011/12, la célèbre peinture des frères Van Eyck, « L’adoration de l’agneau mystique » est en cours de restauration et, à Bruges, le carillon est, lui aussi, en réfection. Mais qu’à cela ne tienne, il y a tant à voir dans ces deux villes qu’un autre voyage s’imposera, de toute façon, dans quelques années. Je ne m’aventurerai pas dans une description de ces deux villes car il y a tant à dire que j’en oublierais beaucoup et que mes amis belges me tomberaient sur le râble à bras raccourcis.

Je ne m’arrêterai que sur ce qui a retenu mon attention ou qui a suscité ma curiosité. La première chose que j’ai vue en entrant dans le quartier historique de Gand, c’est ce grand livre d’histoire, taillé dans la pierre, ouvert sur la place centrale. En effet, on remarque immédiatement que le beffroi domine sans problème la cathédrale Saint Bavon et l’église Saint Nicolas, et, cela n’est nullement innocent : les bourgeois voulaient ainsi clairement affirmer que le pouvoir c’est eux qui le détenaient et nullement la noblesse, ni le clergé. Ces riches marchands drapiers, enrichis par la fabrication d’un drap d’excellente qualité qu’ils tissaient avec de la meilleure laine en provenance d’Angleterre et qu’ils vendaient ensuite aux célèbres foires de Champagne notamment – Lagny, Troyes et Provins – dominaient le clergé et défiaient les comtes des Flandres obligés de se réfugier, un peu plus loin, dans un château fort tourné contre la ville et non contre d’éventuels assaillants.

Je n’ai pas fait les recherches nécessaires, mais il semble bien que les fameux béguinages que j’ai visités, évidemment à Gand comme à Bruges, et où j’ai trouvé calme, harmonie et sérénité, devaient être largement financés par les dames patronnesses, épouses de ces riches marchands dont on peut mesurer la fortune en contemplant les maisons de leur corporation, comme sur la Place du marché du Vendredi ou sur le quai aux Herbes à Gand, leurs églises, Saint Nicolas, Saint Michel à Gand toujours, leurs marchés couverts comme à Bruges où il égale certainement les dimensions d’un centre commercial moderne tout en affichant une qualité architecturale étonnante et leurs hôtels personnels. A ce titre, la Place du Marché à Bruges est exceptionnelle, le rythme des façades est étonnant, l’architecture impose une sérénité qu’on retrouve sur les tableaux des maîtres flamands qui représentent ces marchands sûrs de leur richesse et de leur pouvoir, remplis d’un calme lucide et semblant ignorer l’inquiétude.

La durée de notre séjour ne nous permettait de visiter les musées, ce sera pour la prochaine fois, nous avons donc surtout consacré du temps à comprendre cette ville en arpentant les rues et ruelles, en admirant les façades et monuments et en visitant les incontournables : la cathédrale Saint Bavon, le Château des Comtes des Flandres où nous avons pu disposer d’un « movie guide » qui comporte une petite histoire racontée par Chrétien de Troyes qui aurait séjourné dans ce château avec son seigneur, Philippe d’Alsace, alors Comte des Flandres (cette petite vidéo est intéressante car elle restitue bien la vie comme elle se passait dans les grandes cours à cette époque), l’Abbaye Saint Pierre proposant également une visite avec « movie guide » qui permet de pénétrer l’édifice de la cave aux charpentes en compagnie de moines tourmentés par l’arrivée de la révolution française, entre autres.

Ces villes de richissimes marchands qui ne connaissaient peut-être pas la mondialisation, et encore j’en doute un peu car les marchandises ramenées par Marco Polo et ses compagnons se retrouvaient certainement sur les foires de l’Europe entière, travaillaient au moins à l’échelle européenne, construisant des fortunes colossales en finançant les guerres et les fastes de tous les nobliaux de l’époque. Et, il pourrait paraître paradoxal que ce soit dans cette ville qu’est née l’Internationale ouvrière, dans la Maison des Syndicats qui existe toujours sur la Place du Marché du Vendredi, mais ça c’était à une autre époque. Toutefois, la tradition manufacturière a certainement contribué à développer une société et une culture ouvrières qui ont été à l’origine de cette mobilisation syndicale, rappelant la détermination des bourgeois de Gand et de Bruges, qui ont été parmi les premiers à défier leur seigneur pour obtenir des franchises. Il y avait déjà des milices flamandes avec Philippe Auguste à la bataille de Bouvines en 1214.

Ceux de Gand n’étaient pas les derniers et Charles Quint leur imposa une rude punition pour leur effronterie, il les obligea à rejoindre le château la corde au cou pour faire amende honorable et depuis cette date, la corde avec le nœud coulant est demeurée le symbole de la ville en mémoire du courage de ces bourgeois qui ont osé défier le monarque. Il faut se souvenir aussi que Charles le Quint est né à Gand en 1500, tout près de l’appartement où habitait, l’amie qui nous a conseillés dans la préparation de ce voyage mais cela est une autre histoire.

Nous avons consacré aussi une visite à Bruges en utilisant le train et les tramways ce qui rend le voyage très facile car les transports en commun sont performants et denses, il y en a presque à volonté. Et, le tram s’arrêtait devant la porte de notre hôtel. Bruges, c’est un émerveillement, il y a peut-être, diront les Gantois, moins de monuments qu’à Gand mais ils sont concentrés dans un espace relativement restreint, ce qui donne une impression de grande richesse. Mais, en contrepartie, la ville est plus une ville de touristes, organisée pour les touristes avec tout ce que ça comporte comme commerces un peu parasites mais il est toujours très confortable de trouver un restaurant avenant sans passer des heures à chercher. J’ai plus survolé Bruges que Gand, j’en connais donc moins bien l’histoire mais il est facile de constater que le passé de ces deux villes doit être tout même à peu près parallèle.

Je voudrais aussi vous parler de la gastronomie locale car lorsque nous visitons une bourgade ou une région, nous allons aussi à la rencontre de sa cuisine qui appartient totalement à sa culture. Nous avons donc fait honneur au waterzoi et nous en avons mangé un particulièrement succulent dans un petit restaurant du Patershol, ce vieux quartier de Gand laissé pendant de longues années en désuétude et depuis peu rénové avec tact pour qu’il conserve tout son cachet et son authenticité. Le restaurant devait s’appeler La Maison de la l’Horloge, il me semble, ce qui devait donner quelque chose comme « KlockHuis » en flamand, mais là, je ne jure de rien. La carbonade était bien bonne aussi comme d‘autres plats dont le nom m’échappe maintenant. Mais, je n’oublierai pas le repas partagé sur la place Saint Bavon avec Saule et Mieke qui nous avaient fait l’immense plaisir de nous rejoindre pour une soirée amicale qui s’est terminée par une visite commentée de la ville sous une vraie pluie flamande, une « drache » dirait  Mieke . Je ne parlerai pas de la bière, il y en a tellement et nous en avons usé largement, de quoi écrire quelques pages supplémentaires, alors …

Ce bref séjour à Gand restera comme une excellent souvenir, je n’oublierai pas cette ville si jeune, si animée, les quais de la Lys qui se reflètent dans la rivière, peuplés de jeunes à la tombée du jour, les balades en bateau à Gand comme à Bruges, la soirée avec les amis, et, je me dis que si j’avais fait cette visite plus tôt, avant de passer l’agrégation, j’aurais peut-être eu une note moins lamentable en histoire médiévale car le sujet était « Bruges au XII° siècle », mais c’est une vieille histoire qui ne m’a nullement dressé contre ces cités, bien au contraire, et je n’ai qu’une envie y retourner quand les travaux seront terminés et que Gand sera dans toute sa splendeur avec un peu plus de végétal dans cette ville tellement minérale, du moins dans son centre.

Ne prenez surtout pas ce que j’ai écrit à la lettre, je n’ai rien vérifié, ce sont plutôt des impressions, du ressenti, l’histoire comme je me l’imagine, comme je crois l’avoir comprise, comme je voudrais un peu qu’elle soit.

Denis BILLAMBOZ dit DEBEZED

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Le beffroi de Bruges   Tourisme en Belgique   Recette de la la brioche belge la COUGNOLLE


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