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Lâchez-nous avec mai 68 !

Publié le 20 octobre 2010 par Yan_hervouet

Depuis des semaines, je n’arrête pas d’entendre les commentateurs politiques, sociologues et autres analystes de l’actualité française multiplier les comparaisons avec mai 68. Dès l’amplification du mouvement en septembre, on nous posait la question – et donnait une réponse – sur la capacité du mouvement à faire un nouveau mai 68. L’arrivée des lycéens dans les cortèges sonnait l’apothéose des analogies avec le mouvement des soixante-huitards, à croire qu’aucune mobilisation de la jeunesse, aucune faculté bloquée ne s’est vue depuis la contestation de nos ainés. Et maintenant que les pompes sont bloquées, on nous refait le coup du parallèle en nous expliquant que c’est dans ce même contexte que 68 avait fait basculer l’opinion des français contre le mouvement…

Au risque de décevoir nos analystes, mai 68 au-delà du symbole historique qu’il représente indéniablement, ne signifie pas grand-chose de concret pour une bonne partie de la population française comme moi (celle de moins de 40 ans) qui ne l’a pas vécu et n’a pu vivre les bouleversements que le mouvement avait entrainés dans la société française et les sphères politiques.  Je me pose donc la question de l’intérêt de se référer perpétuellement à cette image pour expliquer une réalité sociale contemporaine ?

Alors oui, mai 68 représente un symbole historique de contestation et de libéralisation de la société à l’échelle mondiale… noté ! Mais est-ce pour autant l’unique ambition de tout mouvement contestataire dans notre pays – qui en compte pourtant une bonne poignée chaque année : faire un nouveau mai 68 ? Je ne crois pas. D’autant que les questions qui sont aujourd’hui sur la table n’ont rien à voir ! L’analogie systématique avec mai 68 fausse les analyses que j’entends et je lis à droite à gauche : on ne parle pas du fond des revendications (que veulent réellement les jeunes dans les cortèges ? que proposent les syndicats ?) mais on se cantonne à mesurer la force et l’ampleur des grèves avec en point de repère le graal ultime : 68.

Alors messieurs les commentateurs, de grâce ne cédez pas à la facilité de la comparaison illogique et anachronique, mais demandez-vous plutôt si vos auditeurs/lecteurs sont plus intéressés par la taille des grèves et leur possibilité de refaire l’histoire que par les messages qu’elles véhiculent… la réponse est dans la question.


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