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Anthologie permanente : Attila József

Par Florence Trocmé

Les éditions Sillage viennent de faire paraître Ni père, ni mère, d’Attlila József, traduit et présenté par Guillaume Métayer. Poezibao a mené tout récemment un entretien avec Guillaume Métayer sur Attila József et la poésie hongroise. 
 
 
Áron József m’engendra 
 
Áron József m’engendra,  
maître savonnier qui déjà  
sur le Grand Océan  
fauche les blés odorants.  
 
Borcsa Pőcze m’a enfanté  
que, féroces, ont dévorée  
aux entrailles et au ventre,  
les brosses aux mille pattes lavantes.  
 
J’étais amoureux de Luca,  
Luca ne l’était pas de moi.  
Mes meubles: des ombres.  
Mes amis: zéro, leur nombre.  
 
Je ne peux plus avoir d’ennui,  
Mon âme les a tous absorbés –  
Et à tout jamais, je vis  
À l’abandon, hébété.  
 
••• 
 
Je serai jardinier  
 
Je serai jardinier : des arbres à cultiver,  
au lever du soleil moi aussi me lever,  
n’avoir rien pour m’inquiéter  
sinon la fleur que j’ai plantée.  
 
Chacune des fleurs que j’ai plantées  
au rang des fleurs sera ma préférée,  
même l’ortie, à la bonne heure,  
tant elle sera vraie, ma fleur.  
 
Pipe à la bouche, buveur de lait,  
A bonne renommée je veillerai de près,  
Le danger ne m’atteint plus guère  
Je me suis mis moi-même en terre.  
 
Il le faut vraiment, oui, vraiment,  
et au levant et au couchant,  
–quand le monde sera décombres  
qu’il y ait une fleur sur sa tombe.  
 
•••  
Plaine hongroise  
 
Plaine hongroise – son souci, un mont;  
son église, un pieu;  
son sol, un lait caillé profond,  
où tanguent des grès anguleux.  
 
Le Hongrois – sa guenille, un drapeau;  
son repas, le ravier:  
nous, nation cueilleuse de mauvaises herbes,  
la mort nous vient pieds nus et toute ravaudée ! 
 
Allons, poète! Ta lune est morte;  
ton ombilic est une corde;  
tu claques des doigts, la ville est incendiée,  
ta plume sans toucher d’allumette, se met à fumer.  
 
Ô vous qui avez les nues pour ramée,  
Petits sureaux déguenillés –  
sur la grand’route voyez filer  
l’exil muet des peupliers! 
 
••••• 
 
Nemzett József Áron 
 
Nemzett József Áron, 
szappanfőző, aki már 
a Nagy Óceánon 
szagos füveket kaszál. 
 
Megszült Pőcze Borcsa, 
kit megettek a fenék, 
gyomrát, hasát sorba, 
százláb súroló kefék. 
 
Szerettem Lucámat, 
de Luca nem szeretett. 
Bútoraim: árnyak. 
Barátaim nincsenek. 
 
Bajom se lesz többé, 
lelkemmé lett mindahány, - 
élek mindörökké 
gazdátlan és ostobán. 
 
••• 
 
Kertész leszek 
 
Kertész leszek, fát nevelek, 
kelő nappal én is kelek, 
nem törődök semmi mással, 
csak a beojtott virággal. 
 
Minden beojtott virágom 
kedvesem lesz virágáron, 
ha csalán lesz, azt se bánom, 
igaz lesz majd a virágom. 
 
Tejet iszok és pipázok, 
jóhíremre jól vigyázok, 
nem ér engem veszedelem, 
magamat is elültetem. 
 
Kell ez nagyon, igen nagyon, 
napkeleten, napnyugaton – 
ha már elpusztul a világ, 
legyen a sírjára virág. 
 
•••  
 
Magyar Alföld 
 
Magyar Alföld - gond a dombja; 
temploma cövek; 
talaja mély aludttej, de benne 
hánykolódnak szögletes kövek. 
 
Magyar ember - rongya zászló; 
étele a tál: 
dudvaszedő nemzet vagyunk, értünk 
mezítláb jön foltozott halál! 
 
Nosza költő! Holt a holdad; 
köldököd kötél; 
csettintésed égő város, tollad 
füstölög s egy szál gyufát nem ér! 
 
Ó, kik nőttök felhőt leveledzvén, 
bodzás kis fenék - 
nézzétek, ím, országúton, némán 
vándorolnak ki a jegenyék! 
 
 
Attila József, trois poèmes extraits de Ni père, ni mère, traduit et présenté par Guillaume Métayer, Editions Sillage, 2010, pp 20, 30 et 26.

par Guillaume Métayer
 
Attila József dans Poezibao : 
bio-bibliographie, extrait 1, un entretien avec Guillaume Métayer  
 
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