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L’Enfant poisson, premier roman de Lucía Puenzo

Par Mango
L’Enfant poisson, premier roman de Lucía PuenzoQuelle est cette force puissante qui pousse un lâche à tuer un innocent? Cette phrase mise en exergue explique à elle seule et le titre et le roman! L’enfant poisson évolue au fond du lac Ypacarai, au Paraguay. Il est le symbole du drame passé et à venir de ce récit fait par Sérafin, le chien chéri de Lala, l’adolescente solitaire d’une famille bourgeoise de Buenos Aires, devenue criminelle par amour pour la Guayi, la jeune bonne à tout faire de sa famille, adolescente, elle aussi, mais étrangère, mystérieuse, fascinante et sensuelle. Lorsque l’une découvre que l’autre a des relations sexuelles  avec son père, elle n’hésite pas et empoisonne ce dernier puis elle s’enfuit près de ce fameux lac, ce lieu magique où elles avaient rêvé de se faire construire une maison, là où vit l’enfant poisson aux doigts palmés, toujours au fond de l’eau. Elle attend longtemps mais en vain son amante et c’est son père qu’elle rencontre et qui lui raconte des bribes de leur histoire. C’est alors le passé devenu légende qui resurgit, violent, inexplicable. désespéré.Quand Lala et son chien reviennent en Argentine, La Guayi est en prison pour s’être accusée du crime. Lala se rase les cheveux et fera tout pour la revoir et la délivrer. Leur rêve d’amour  tourne  vite au cauchemar et Sérafin, le brave chien narrateur n’a plus longtemps pour nous entretenir  de cette aventure amorale, cette sorte de road movie auquel il a participé et dont il se fait le témoin et le conteur!  Comme souvent dans la littérature sud américaine, le réalisme magique  rejoint la critique sociale en un mélange étonnant de violence crue et de rêves prémonitoires. Garcia Marquez et Almodovar ne sont pas loin. 
Il s’agit du premier roman de cette romancière argentine qui l’a ensuite porté à l’écran. Si je n’ai pas été particulièrement sensible à l’histoire d’amour trop intimement mêlée de violence,  de drogue, de prison, de souillures et de descentes aux enfers dans une société mal en point,en revanche, j’ai apprécié le style direct et percutant, sans chichis, parfois drôle et cynique, parfois tendre et émerveillé mais surtout j’ai aimé le parti pris du chien narrateur qui adore sa maîtresse et la comprend et la suit partout et raconte les faits avec la neutralité d’un animal qui serait omniscient. Etrange vision. Etrange récit, plutôt réussi. 
- On a la maison, a dit Lala.
L’Enfant poisson, premier roman de Lucía Puenzo- Oui
- Et le lac.
- Oui.
- Tu vas nager avec moi ?
- Jusqu’au fond, a dit la Guayi.
(…) Le car roulait vers la frontière et l’air se chargea d’inconscients, échos d’un rêve collectif, bouillon de culture, oui, finalement, tout le monde rêve pareil.  (Dernières phrases)
Lucía PuenzoL’Enfant poisson, premier roman, traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet, Titre original : El Niño Pez, Stock, coll. « La Cosmopolite », 216 pages,

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