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"Ip Man"

Par Loulouti

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Le cinéma d’arts martiaux en Asie est un genre majeur. Les foules se déplacent en nombre, les productions caracolent au palmarès des entrées en salles et les héros sont de véritables icônes dont la popularité va croissant au fil des années. Bruce Lee et Sammo Hung ne représentent que la partie émergée de l’iceberg.


J’ai grandi en découvrant très jeune des productions où les moines Shaolin tenaient une place prépondérante. Les histoires se ressemblaient énormément et très souvent l’honneur du temple était en jeu.


Avec les années j’ai appris à aimer d’autres formes de ce cinéma si particulier, avec des incarnations plus poétiques, mais j’ai gardé une passion intacte pour un 7ème art qui est l’égal du western nord américain. Le cinéma asiatique exerce sur moi une très grande fascination.


Grâce au site Cinetrafic (et à Marine) j’ai eu l’extrême privilège de découvrir "Ip Man" réalisé par Wilson Yip en 2008 qui fait partie d’une filmographie très riche, celle des "films d’arts martiaux Hong Kongais".


Le long métrage revient sur une partie de la vie de Ip Man (ou Yip Man en VO) qui fut l’un des grands maîtres du Wing Chun et dont la légende bénéficia de la popularité internationale de l’un de ses anciens élèves, Bruce Lee.


Cela bien des mois que je n’avais pas autant pris mon pied avec un film d’action. Je suis tombé sous le charme immédiatement et j’ai eu l’impression de plonger à corps perdu dans la chine des années 30. Le long métrage dure une heure quarante et j’ai eu envie de le voir une seconde fois à l’issue mais il était déjà très tard.


Le premier intérêt du film est de mélanger les arts martiaux et histoire dans des proportions harmonieuses.


Après une rapide et tonique entame où le personnage central, interprété par Donnie Yen, nous est présenté, la trame principale occupe le devant de la scène.

Le long métrage revient sur la domination sans partage exercée par l'Empire du Soleil Levant en Chine devient le sujet essentiel de l’œuvre. La seconde partie de l’œuvre donne l’occasion à Ip Man de prendre position et de s’affirmer comme l’une des figures emblématiques de l’opposition chinoise à l’oppression japonaise.


Je vais évacuer le débat historique sans le négliger. Je sais très bien que "Ip Man" est une production chinoise. Cela fait des lustres que les cinéphiles avertis savent que les grandes productions chinoises bénéficient de tous les appuis possibles et imaginables au sommet de l’Etat. Les films les plus connus, et les plus réussis, pourquoi le nier, représentent des vitrines culturelles pour des dirigeants en quête de reconnaissance internationale.


Il est tout à fit normal que le manichéisme soit si tranché. Dans "Ip Man" nous trouvons face à face, et je ne caricature pas, des figures emblématiques chinoises et des brutes épaisses de soldats nippons.


Je considère que le cinéma en général, et dans le cas qui nous occupe ici en particulier, doit s’affranchir de certaines contraintes. On ne demande pas à un film de tout miser sur la véracité de son propos. Les livres d’histoire entre autres sources sont là pour corriger le tir. La fiction permet tous les excès, les contre vérités et les audaces. Le cinéma a besoin de sales types, de figures héroïques, de drames, de nœuds d’intrigues à trancher et pas de pâles copies de supposées réalités avérées.


La trame historique permet au film d’avoir une certaine unité dans son développement. Il ne consiste pas uniquement en une accumulation de combats. Wilson Yip, connu pour "Dragon Tiger Gate" et "S.P.L" laisse ses comédiens s’exprimer. Des moment réellement bien agencés.


Mais "Ip Man" est aussi et avant tout un film d’action hors pair. Les séquences s’enchaînent à un rythme absolument hallucinant. Les combats sont d’une beauté incroyable.


La chorégraphie des assauts est empreinte d’une mise au point de haute volée. Le spectateur se rend compte que certains affrontements ont du demander des semaines voire des mois préparation. La vitesse des mouvements et le rythme endiablé de l'ensemble sont au cœur du film.


L’un des atouts du film est la variété des affrontements proposés. Les joutes sino-chinoises puis contre l’ennemi japonais permettent au metteur en scène de proposer des oppositions de style visuellement agréables et efficaces. Dans chaque séquence il y a de l’innovation, de la créativité. Aucun duel ne ressemble au précédent.


La mise en scène est vraiment à la hauteur des temps forts. Les mouvements de caméra sont fluides et collent au plus près de l’action. Le spectateur a le sentiment d’être vraiment au cœur d’un tourbillon de coups échangés. L’alternance des plans obéit à une maîtrise savamment orchestrée. A l’inverse d’un certain cinéma nord américain "style caméra à l’épaule où tout tressaute en permanence", la marque de fabrique de "Ip Man" est de poser de solides guides tout en permettant les plus audacieuses figures de style à l’écran.


Le film est servi par un Donnie Yen au sommet de son art. L’acteur chinois donne vie au personnage de Ip Man de manière stupéfiante. Sa belle gueule et son indéniable charisme lui permettent d’éclater à l’écran de manière évidente.


A ses côtés Simon Yam et Gordon Lam, deux autres poids lourd du cinéma Hong Kongais, jouent leur partition avec sérieux et application. Le personnage de la conjointe de Ip Man interprété par l’actrice Lynn Hung n’a pas une prestation éphémère et ridicule, bien au contraire. Dans cet univers d’hommes, la femme à la fois épouse et mère incarne le dévouement, l’amour et le courage. Un réel tour de force très difficile à insérer dans ce genre de film.


Le seul défaut (provisoire) du film est de se conclure trop vite. Les derniers instants du long métrage sont consacrés à un bref résumé des années qui ont suivi la fin de l’occupation japonaise en Chine (jusqu’à la mort de Ip Man).


Depuis "Ip Man 2" est sortie en Asie avec la même équipe. Une suite était-elle déjà prévue à la base (avec cette conclusion succincte servant de mise en bouche) ou le succès du film a-t-il obligé les producteurs à élaborer un second volet pour calmer l’ardeur des fans ? Mystère.


Il va de soi que je vais essayer de me procurer ce second chapitre tant le premier m’a plu.
Un grand film, de l’action, un peu de sens historique, une réalisation raffinée à la pointe de l’inventivité, j’en redemande.

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cinetrafic


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