L’annonce à fait l’effet d’une bombe, la Ligue 1 de football souhaiterait dorénavant jouer quelque match le samedi après-midi, l’objectif avoué étant de toucher mortellement le Top 14 tant qu’il est encore temps.
Les affluences
Au départ, quand le rugby est passé professionnel, il s’agissait d’une fenêtre dont personne ne voulait : celle du samedi après-midi. Un jour où les familles se retrouvent entre elles, où les dames vont faire du lèche-vitrines et où de nombreux français travaillent. Pourtant le rugby pro a réussi à y faire son trou, séduisant d’abord les habitués du samedi qui regardaient leur match du Tournoi des 5 Nations, puis le championnat a su conquérir les femmes, les copines et les enfants de ces messieurs amoureux de l’ovale. L’occasion de passer un bon week-end en famille. Certains présidents, comme Max Guazzini le comprirent très vite, en proposant toute une pléthore de spectacles autour de ses matchs. Le Top 14 est désormais un spectacle que l’on va voir en famille et entre amis, à l’image de ce qui existait déjà outre-Atlantique avec la NFL ou la NBA. Loin de l’odeur nauséabonde des terrains de Ligue 1, des bagarres entre « supporteurs », des hordes de CRS casqués qui tentent de maintenir l’ordre, des cris de singes racistes quand certains joueurs noirs se retrouvent avec le ballon au pied, des saluts hitlériens, des hymnes sifflés et conspués, le rugby offre un spectacle tolérant, ouvert à tous où les supporteurs assurent le spectacle dans les tribunes dans une ambiance bon enfant. On se chambre gentiment puis on s’invite à prendre une bière dans la plus grande convivialité. Le résultat c’est qu’aujourd’hui, même s’il reste un sport essentiellement rural, les affluences du rugby sont comparables à celle du foot. 19 968 spectateurs de moyenne pour la Ligue 1 et 13 243 pour le Top 14 Orange. Le rugby réalise même de meilleures affluences dans les grandes villes comme Toulouse ou Paris : 44 000 spectateurs de moyenne pour le rugby contre 31 400 pour le PSG ; même constat à Toulouse ou le Stade toulousain attire une moyenne de 20 388 spectateurs et le TFC 19 229 spectateurs par match. Faut-il savoir encore que le Stade toulousain ne délocalise que quelques matches au Stadium. On peut aisément comprendre que si des clubs comme Lyon, Bordeaux ou même Marseille accèdent un jour le Top 14, les tendances entre les deux sports s’inverseront.
Les audiences télé : le rugby à la hausse
Pour les audiences télé, il s’agit exactement de la même chose l’intérêt pour la Ligue 1 a régressé de 43 % tandis que le rugby a bondi de 34 %. Résultat, si 43 % des Français continuent à s’intéresser à la Ligue 1, 34 % sont ceux qui suivent le Top 14. Ainsi certains analystes prévoient que la courbe d’intérêt porté au Top 14 devrait dépasser celle du rugby d’ici une dizaine d’année.
Le sportif : deux planètes différentes
Côté sportif, même constat. Les clubs de Ligue 1 n’ont, depuis 1956, remporté qu’un seul trophée européen : la Coupe des Champions de l’Olympique de Marseille en 1991 à laquelle il faut ajouter une Coupe des coupes remportée par le Paris Saint-Germain en 1996. Côté Top 14 : En seulement 15 ans d’existence les clubs français ont remporté 5 Coupes d’Europe ! 6 clubs différents ont accédé à la finale, ajoutons à cela les 5 autres Challenges européens remportés par les clubs du Top 14 et vous comprendrez l’importance que prennent les deux championnats dans leur sport respectif. D’ailleurs, les meilleurs internationaux étrangers ne s’y trompent pas et choisissent en priorité le Top 14. Ce qui fait dire au Président toulonnais Mourad Boudjellal, qui a fait venir dans son club les plus grands noms du rugby mondial, que la Ligue 1 est du même niveau que le championnat du Liechtenstein !
Reste le secteur qui fait encore la différence : le financier. Toulon, Clermont, le Stade français, le Racing et même Toulouse, plus gros budgets du rugby mondial ont les mêmes budgets que les clubs de Ligue 2. L’avantage, c’est que le rugby est beaucoup moins cher et de ce fait 5 fois plus rentable que le ballon rond.
La Ligue 1 : Un produit médiocre
Ainsi, devant tous ces chiffres la Ligue 1, consciente de sa médiocrité et de son incapacité à pouvoir lutter dans la cours des grands en semaine face aux meilleurs championnats du monde anglais, espagnols ou allemand a choisi de faire sa loi dans la cours des petits. Histoire d’attaquer le rugby avant que sa croissance ne soit terminée. Le foot a surtout peur que les droits télé du Top 14 Orange et de la Ligue 1 soit réévalués à leur juste valeur et de perdre ainsi beaucoup d’argent. Le fait de faire jouer les matches de foot le samedi, ne changera pas le fond du problème : la Ligue 1 est un produit de piètre qualité, cher mais peu rentable, le Top 14 Orange est lui un très bon produit, pas cher mais beaucoup plus rentable.