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Une projection mystère un samedi matin...

Par Tred @limpossibleblog
Une projection mystère un samedi matin...
Samedi matin, rendez-vous à 10h30 à l’Élysée Biarritz pour une petite projection mystère. Si à une époque j’aimais bien me lever tôt le week-end pour aller au ciné, ces dernières années, j’ai perdu l’habitude au profit des grasses matinées. Mais il y a des circonstances où je suis motivé pour faire un effort, et une invitation à une projection test en est une. Quand le réveil a sonné à 9h15 après m’être couché à près de 3h, la seule réflexion que j’étais capable de formuler était « C’a intérêt à être un bon film… ». C’est tout le sel et le risque des projections tests, ne pas savoir le film que l’on va voir.
La dernière à laquelle j’avais assisté, au printemps, était De vrais mensonges, le nouveau film de Pierre Salvadori, qui sortira en décembre avec Audrey Tautou en tête d’affiche. C’est dire à quel point on peut y voir les films à l’avance. Pour vous donner une autre idée, J’avais vu AO, le dernier Neandertal lors d’une de ces projections tests il y a presque exactement un an. Bon, si le film de Jacques Malaterre n’est sorti que douze mois plus tard, c’était certainement pour régler les nombreux problèmes du long-métrage qui tel quel n’était qu’un bon gros nanar risible. Je ne suis en revanche pas retourné le voir en salle pour vérifier si un an de postproduction supplémentaire a amélioré le film…
Une projection mystère un samedi matin...Samedi matin donc (ne nous égarons pas), je me rendais à ma troisième projection test en un an (les trois au même Élysée Biarritz, à côté des Champs Élysées). Cette fois ce n’est pas moi qui avait été invité mais un ami qui m’avait proposé de l’accompagner. Arrivés au cinéma, on nous tend le traditionnel premier questionnaire, celui qui en général donne de forts indices sur le long-métrage que l’on s’apprête à voir (le second, destiné à savoir ce que l’on a précisément pensé du film, est distribué après la projection). Bingo comme dirait Hans Landa. Outre les questions usuelles destinées à cerner le profil du spectateur (âge, profession, fréquences de films vus au ciné…), une question trahit le genre de film dans lequel on s’embarque : « Quels films parmi cette liste avez-vous vus ? ». Parmi les films cités, uniquement des documentaires animaliers ou écologistes : Microcosmos, Les Ailes Pourpres, Le Peuple Migrateur, Home, Le Syndrome du Titanic, Océans… « Bon bah ça sent le documentaire animalier tout ça ! » dis-je à l’ami que j’accompagne. Celui-ci, qui n’a plus le temps d’aller au cinéma depuis qu’il est doublement papa, tire un peu la tronche à cette prédiction. Mais la présence conséquente d’enfants dans la salle penche également vers cette forte intuition qui va se confirmer quelques minutes plus tard.
La salle s’éteint, et là, le logo Disney Nature, la branche documentaire des Studios Disney qui avait distribué Les Ailes Pourpres l’année dernière, apparaît à l’écran. Le titre original peu évocateur, pas encore traduit, apparaît alors, Hidden Beauty, ainsi que le nom du réalisateur, Louie Schwartzberg. Il ne m’évoque rien, mais le documentaire animalier n’est pas le genre qui me fait trépigner des mois à l’avance, même si je vais voir la plupart en salles. La mission que je me fixe, dans les premières minutes, c’est de comprendre quel va être le sujet du film. Et je dois bien avouer que pendant le premier quart d’heure, je suis dans le flou, le peu que je distingue me faisant peur plus qu’autre chose.
Une projection mystère un samedi matin...Les plans dans la forêt luxuriante, avec chute d’eau et animaux en tous genres, singes, perroquets, insectes et autres, sont accompagnés d’une voix off féminine se lançant dans un speech sur la coexistence de la faune et de la flore, dans lequel la notion de la reproduction des espèces se distingue. Oh la, me dis-je, on est partis pour un documentaire sur la reproduction des animaux… Mais la voix off parle à la première personne, répétant « Je » sans cesse. Mais dans la peau de quel animal se glisse-t-elle ainsi ? Finalement la caméra vient se poser sur… une fleur. « Putaiiiiiiiin » murmure-je à l’oreille de mon voisin, « j’y crois pas on va se taper un documentaire sur une fleur !? »… En quelques instants, plusieurs sentiments m’étreignent. La désolation est le premier. S’ensuit la colère (« J’ai dormi 6 heures cette nuit pour un documentaire sur une orchidée ? ») et la peur (« Mon Dieu j’espère que ça ne sera pas aussi mauvais que AO… »). A cet instant, une partie de moi pense à ce lit que j’ai trop tôt quitté pour une fleur…
Heureusement, cette panique ne dure que le temps du premier quart d’heure. Car finalement, Hidden Beauty (que l’on trouve sur le site de Disney Nature sous le titre Naked Beauty : A love story that feeds the world) se dévoile vraiment, et nous révèle quel est son véritable sujet : l’importance de la pollinisation dans l’ordre des choses sur notre planète. Dit comme ça, c’est étrange pour un sujet de documentaire produit par Disney et destiné semble-t-il à un public familial. Pourtant c’est bien la le cœur du film de Schwartzberg. Le film part aux quatre coins du continent américain pour observer les relations entre les fleurs et leurs pollinisateurs, ces insectes et oiseaux qui permettent la reproduction des plantes.
Une projection mystère un samedi matin...Papillons, colibris, abeilles et chauves-souris, tous sont les héros de ce film écologiste criant l’importance des fleurs pour la vie sur Terre, et le rôle déterminant que ces animaux pollinisateurs jouent dans l’équilibre vital de notre planète. Au fur et à mesure que Hidden Beauty se dévoile ainsi, le film sait se montrer tantôt passionnant, tantôt admirable visuellement. Quelques séquences sont de toute beauté, notamment ces instants magiques où les papillons monarques d’Amérique du Nord dorment par dizaines de milliers accrochés aux arbres, les recouvrant tout à fait de leurs majestueuses couleurs, avant de tous s’éveiller et décoller en même temps.
Malgré tout, Hidden Beauty n’est pas exempt de défauts, loin de là. En plus du premier quart d’heure qui nous lance de façon inquiétante dans le film, des fautes de goût se succèdent régulièrement. Tout d’abord le titre français, révélé par le questionnaire. Le film n’a pas encore de date de sortie, ils auront donc le temps d’en choisir un plus adéquat, car Pollen, le titre qui semble pour le moment retenu, est franchement moyen (non ?). Un film qui s’intitule ainsi part sur de mauvaises bases, même si le sujet de son film est la pollinisation. Ensuite la voix-off. S’il m’est arrivé de signaler à quel point la voix off est un art en fiction, en documentaire, elle est plus aisée et attendue. Elle ne gêne pas ici, elle est même nécessaire bien sûr, mais la voix est mal choisie. C’est une voix féminine chaleureuse, limite sexy, qui paraît déplacée dans le contexte, et contribue à rendre le premier quart d’heure inquiétant. Le générique de fin nous révèle qu’en VO, c’est Meryl Streep qui s’y colle, eh bien croyez-moi, en VF, ce n’est pas une équivalente française.
Autre point noir du film, la musique. Composée par le groupe Bliss, elle déçoit. Elle ne correspond pas à Hidden Beauty / Pollen. La musique est quelque chose de déterminant dans les documentaires de ce type, et elle s’avère souvent être un élément fort (celles de Microcosmos et Le peuple migrateur sont des bijoux en la matière). La musique ressemble à celle d’une fiction et manque d’identité. Musique inquiétante dans les moments tendus, violons dans les moments tendres, elle pourrait se coller sur n’importe quel film hollywoodien, au lieu de développer un univers unique et décalé.
Une projection mystère un samedi matin...Hidden Beauty est décidément loin d’être parfait. Son rythme est aléatoire, son ton se montre parfois trop didactique, d’autres fois pas assez (je vois d’ici certains enfants avoir du mal à assimiler certaines choses). Dommage, car le documentaire sait se montrer vraiment intéressant dans sa volonté de mettre en lumière le lien déterminant entre les fleurs, les animaux et les hommes. Dommage encore, car il sait se montrer beau, ludique et éducatif. Il parvient à nous divertir par ses images finement filmées (même si je suspecte les effets numériques d’avoir été utilisés à plusieurs reprises), et nous informer de l’importance du cycle de pollinisation, et les dangers que représenteraient sa disparition.
Pour le moment Hidden Beauty, Naked Beauty ou Pollen, quel que soit le titre qui lui sera attribué, n’a pas de date de sortie en France. Il se pourrait qu’il ne sorte pas avant de très longs mois. On en reparlera…

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