Pourquoi une couleur criarde nous parle-t-il et qu’inversement on ne dit jamais : un son rouge… la métaphore n’est pas un phénomène arbitraire mais va de préférence dans certaines directions…
En préparant mon article sur la transmission qui ressemble maintenant à un sujet de thèse j’ai eu envie de sortir un des points traités, que nous utilisons tous les jours, et bien souvent en tant que chercheur corporel : la métaphore.
La synesthésie est quand à elle un phénomène neurologique où l’on voit plusieurs sens associés.
Commençons par un test afin de mieux cerner le problème. Voici les deux premières lettres de l’alphabet martien, l’un est kiki, l’autre bouba, veuillez deviner quelle forme est associée à quel son s’il vous plait :
Si vous êtes comme 98% des êtres humains vous associerez la forme ronde à bouba, et la forme crénelée aigue à kiki. Cela n’est pas lié à des facteurs linguistiques et culturels, ce test est valide quelque soit le groupe ethnique et socio-linguistique auquel vous appartenez. Le cerveau "effectue une abstraction modale croisée de propriétés".Macbeth dit "Eteins-toi, éteins-toi brève chandelle;" et notre cerveau fait l’assemblage correct des concepts non pas d’une longue chose blanche mais son côté éphémère qui éclaire faiblement. Les schizophrènes prennent eux au premier degré les métaphores…
Dans toutes les cultures le terme "dégoûtant;" est associé à la même mimique faciale de quelqu’un qui est choquant moralement, ce qui est intéressant c’est que le docteur propose une nouvelle théorie évolutionniste de l’évolution du langage : "c’est la combinaison synergique fortuite d’un certain nombres de mécanismes initialement développés dans d’autres buts et qui ont été assimilés dans d’autres buts que nous appelons le langage;" (ex : l’utilisation des outils dans l’aire de la main assimilée dans l’aire de Broca utilisé dans la syntaxe : enchassement hiérarchique)
Les synesthésistes qui quant à eux représentent un très faible taux de la population réussiront ce test suivant :
Le taux de synesthétes est plus élevé chez les artistes, qui voient les chiffrent en couleur et donc distingue facilement la forme des deux, un triangle qui n’apparait pas directement à la majorité des personnes.Toutes ces études proviennent des recherches de Vilayamur Ramachandran, dont le recommande la lecture de l’excellent "Le cerveau cet artiste;" où en étudiant des pathologies très rares et les dysfonctionnements du cerveau associés il nous permet de mieux comprendre un cerveau "standard;" (non lésé).
Je vous invite à regarder cette vidéo sur TED d’un spécialiste de la communication, James Geary, qui m’enchante sur la métaphore :
synesthésie conceptuelle, dissonance cognitive, la métaphore créatrice d’attentes…
(sous titres en français disponibles)
Autre point remarquable des études de Ramachadran concernant la transmission : les neurones miroirs, des neurones qui s’activent quand vous effectuez une action mais également quand vous voyez quelqu’un effectuer cette action (remuer une main etc…) même si vous même ne l’avez jamais effectuée, votre cerveau effectue probablement une congruence entre diverses fonctions (par exemple quand un enfant imite un son : commande moteur volitive des muscles de la phonation, position des lèvres et de la langue ressentie, phonème entendu), la congruence étant en partie innée (un bébé qui imite quelqu’un tirer la langue) et acquise pour des choses plus complexes. Les neurones miroirs permettent également une sorte de simulation des actions et intentions d’autrui (ce qui expliquerait pourquoi nous élaborons des théories des autres esprits, à la manière d’une réalité virtuelle dans notre tête) et rentrent dans les processus culturels et de transmission.