Nous sommes en 850 en Allemagne, dans un village reculé, où une jeune fille se voit refuser toute éducation, conformément à la tradition. Elle doit se cantonner à son rôle de mère et d’épouse. Pourtant elle se révèle très vite supérieure à la moyenne, et subterfuges à l’appui, elle arrive très rapidement au plus haut sommet de la connaissance. Le tout ne se fait pas sans difficulté, et une fois moine la voici tenaillée par un secret qu’elle réussira à conserver jusqu’à son accession sur le trône papale.
John Goodman dans le rôle du pape , que s'apprête à remplacer Jeanne
Raconté comme ça, ça peut paraître farfelu, mais Wortmann réussit malgré tout à donner corps à son aventure, que l’on suit sans déplaisir, ni passion débordante. Pas celle en tout cas qui anime Johanna Wokalek, qui incarne l’héroïne avec une sincérité désarmante. On s’accroche pour croire à son personnage (mais c’est difficile) pour mieux retenir le seul véritable sujet de ce film : quelle que soit l’époque le statut de la femme n’a jamais été une évidence de première ordre.
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Le final pathétique est ici appuyé par une mise en scène qui ne sait plus trop si elle sert l’Histoire, la grande, ou entretient une légende millénaire. Et c’est à mon avis le gros défaut de ce film, que d’affirmer tout de go l’existence de la papesse, tout en lui donnant les attributs des belles légendes. Dans les bonus John Goodman, ( le pape Sergius ) estime que » la façon dont cette histoire est racontée, la rend crédible » . Si l’Eglise a accrédité un temps son existence, aujourd’hui elle a revu sa copie, et il est probable que le mystère demeure à jamais. Je crois que la thèse la plus couramment retenue est celle d’une légende imaginée par Luther et les Réformateurs au XVIe siècle afin de nuire à l’Eglise. Mais vous n’êtes pas obligés de me croire.
Bonus
Le making of
Johanna Wokalek , a été remarquée par les producteurs sur le tournage de « La Bande à Baader » de Uli Edel . Ce même film leur donne l’idée de tourner au Maroc , avec notamment l’utilisation du Musée du cinéma de Ouarzazate pour les intérieurs du palais du Latran . C’est ce que l’on apprend dans ce making of qui mélange les interviews, les commentaires et des scènes de tournage .
Dont celle de masse que le réalisateur confie à son assistant Frank Kusche. » Je n’ai pas la voix qu’il faut pour celà. Il répétait ce que je lui disais, pour moi c’était très facile » . Johanna Wokalek parle de Goodman: » la première fois que je l’ai vu, il était immense, ce n’est pas un secret » .Wortmann , un réalisateur qui ne fait quasiment pas de répétition et dépasse rarement la première prise, parle lui d’un comédien » généreux, et qui s’investit complètement « .
Comme quoi tout le monde à l’air content, et même si au final le réalisateur persiste dans son refus de prendre position sur la véracité de cette histoire . « Des historiens affirment que c’est vrai, d’autres non, on ne saura jamais » . Et c’est bien à mes yeux, l’impasse de ce film .
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