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Anthologie permanente : Guennadi Aïgui

Par Florence Trocmé

Maman dans les framboisiers 
 
et tu cueillais 
des framboises ! pour que je me rappelle / et pleure / toi 
et pour qu’au bout du jour d’un quelconque quart de siècle 
la fraîcheur comme un ange / toujours le même : de mouvement 
il n’y avait point du tout / 
toujours augmentât ! depuis longtemps les voix de l’autre rive semblent jouer à un ami ! maintenant restitué par les forces-vents du monde 
dans le chagrin je suis – par l’ombre : en outre 
léger est le brouillard... – est-il possible que je sache 
de la jeune fille le scintillement ami ? / je te dérange 
comme ta lumière pour la naissance ! / 
l’esprit – afin que : pleur ! c’est le soleil de la clairière ! le brouillard – continuation 
par la houle affinant les forêts ! 
connaissant – nous ne connaissons pas de clairvoyance : 
est-il clair, dieu – et ne vaut-il pas mieux ensemble 
ne pas le démêler ? et seulement 
être – pour ainsi dire pleurer par resplendissement-amis 
et par l’automouvement 
des baies depuis longtemps précrépusculaire 
tomber en rougeoyant 
 
  1981 
 
••• 
 
En visite dans l’enfance 
 
  à L.P
 
ce « ah ! » le long du mur 
ce cercle 
/ me voici réveillé : 
l’âme – comme un visage / – 
 
par la durée se préparait 
/ était comme évanouissement 
en quelque lieu les champs – comme mien / – 
 
je me souvenais : de fraîcheur 
le « ah ! » s’emplissait en la vision 
de l’arbre – clôture : 
 
du fond – séjournant comme de moi ! 
 
/ le monde 
s’appelait 
« longtemps » 
et la joie 
« inachevable » / – 
 
« ah ! » – telle une maman – enfant : partout ! – 
 
pour que de somme 
de bonheur 
moi-même me mener à travers l’éclat des têtes 
en la communauté de l’éclat et des paroles-comme-Êtres 
étant moi-blancheur : 
 
/ souffles des robes – des herbes mêmes encore 
des épaules – comme de créations 
de l’intelligence – comme-de-mains 
de pensées – comme d’ossements précieux ! / 
 
chantés par les éclaircies seront les ranges de mon séjour tel  
parmi les consolidations immortelles-dorées du fondement  
du chant tout-patriement-fraternel : 
 
murmurant « ciel » vous me trouverez ! – 
 
/ ô achèvements ! depuis longtemps je m’apaise en douleur 
parmi les passages 
des vents et floraisons ! pourtant 
de l’immuabilité la finesse 
par moi – et plus que moi : – 
 
mais en attendant – commence 
le « ah »-continuation - des tréfonds 
 
/ têtes – chants ô têtes – éclairs chers ! / 
 
/ murs – comme tréfonds autres 
pour le vent et la lumière s’imprégnant / - 
 
la lumière pousse de l’avant mienne – parmi les lumières – autres. 
 
  1982 
 
Aïgui, Sommeil – Poésie, Poèmes, traduit du russe et postfacé par Léon Robel, coll. Autour du Monde, Seghers, 1984, pp. 81 et 104 
 
Guennadi Aïgui dans Poezibao :  
bio-bibliographie, décès (février 06), extrait 1, extrait 2, in notes sur la poésie 
 
 
 
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