Don Draper nous colle aux basques depuis 4 ans. De la découverte du cadre parfait de la publicité new-yorkaise des Sixties, coincé entre un passé tortueux, une famille parfaite en banlieue, une femme solitaire et névrosée, des collègues alcooliques, une ascension sociale idyllique jusqu’aux maitresses de la ville et la nouvelle surconsommation de masse. Draper, symbole de son époque, et encore de son siècle, voyait son monde s’écrouler lentement depuis trois saisons, et l’homme se découvrir derrière le costume. On le laissait en fin de troisième année s’assumer et fonder sa propre agence tout en laissant sa famille partir. Draper était (partiellement) libre, était ce pour le mieux?
Mad Men, c’est un peu le « must have » de la télévision actuelle. Un tableau vivant des années charnières du XXe siècle, et une interprétation symbolique de notre époque actuelle. Verre de scotch à la main, cigarette en bouche, les mad men sont les vrais artisans de la société contemporaine. Et les voir de l’intérieur donne une curieuse impression. Cette saison, Draper gère son business comme les précédents, au jour le jour, dossier après dossier, survolant les problèmes sans arriver à se concentrer sur le réel. On connaissait l’homme, on découvre Don Draper sous un nouveau jour, celui qui a peur de l’avenir, qui n’assume pas la moindre enclave. La saison passe ainsi, le voyant s’enfoncer dans la folie du quotidien, avec les mêmes tourments. Femmes, alcool, cigarettes. Et puis le drame, l’angoisse de trop, qui le fait revenir sur terre. Draper découvre la joie du moment, se décide au sport, ralenti ses consommations, recentre son business. En cela, la fin de saison est saisissante : on le découvrirait presque heureux. Et quitte à aller à fond dans cette idée, il finit par se (re)poser sur sa secrétaire, oubliant les folies du passé (même proche) pour espérer des jours (proches) meilleurs. Draper rassemble ses dernières forces pour mieux s’entourer, espérant ne pas finir seul.
Les derniers épisodes, flirtant avec le bonheur, sont splendides et pourtant terriblement pessimistes. Le portrait est vite imprimé. Tout comme son vieil ami Roger Sterling (John Slattery, qui réalise deux épisodes de la saison), Draper est devenu un vieux businessman, s’est installé avec sa secrétaire pour mieux garder ses enfants d’un premier divorce. Le siècle frappe, et voici Don passé à l’âge mûr, qu’il tente de conjurer par tous les moyens. Si c’est cela la clé du bonheur, espérons lui le meilleur.
Dans tout ça, Mad Men continue sa cartographie des années 60, entre les premiers départs au Vietnam, l’émancipation des femmes (de plus en plus perceptible), les soirées, les galas, les crises et les joies. On voit peu Betty, toujours aussi malheureuse et exaspérante. Pete devient père. Joan et Peggy sont toujours très présentes et les clés du business. Les hommes fument et boivent. Mad Men ne change pas, et pourtant rien n’est plus pareil. Qu’adviendra t-il de Draper et consorts? La saison suivante s’annonce palpitante.