Magazine Beaux Arts

Quelle heure est-il ? et autres galeries londoniennes

Publié le 27 octobre 2010 par Marc Lenot

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Au sous-sol de White Cube Mason’s Yard (jusqu’au 13 novembre), on s’installe dans la pénombre sur des canapés confortables et on regarde le film. C’est un montage, un collage de séquences de films hollywoodiens et on repère très vite qu’il y est toujours question de l’heure, et qu’un cadran, une montre, un réveil, une horloge, une pendule apparaissent constamment à l’écran.  on commence donc par tenter d’identifier les scènes, les acteurs, les films, pour suivre les petits bouts de narration ainsi offerts. Il faudra quelques minutes de plus au spectateur innocent pour réaliser que l’heure à l’écran est la même que celle sur son bracelet montre, devenu inutile : The Clock de Christian Marclay dure 24 heures et a été projeté, le premier soir, pendant 24 heures à la galerie. Cette synchronisation entre fiction et réel amuse d’abord : qui tiendra le marathon, qui verra l’intégralité du film (un peu comme 24 hours Psycho), au bout de combien de temps se lasse-t-on ou, si on n’est pas lassé, s’épuise-t-on, pris par d’autres obligations ? Au-delà de l’admiration pour la prouesse documentaire, on se sent pris dans un tourbillon presque tragique, la vie qui s’écoule, des bribes d’histoire qu’on ne peut poursuivre, le temps qui s’écoule. Alors que Crossfire, au sujet plus violent, était en fait plutôt jouissif, The clock est un film au fond assez mélancolique. Espérons que cette magnifique pièce sera acquise par un musée ouvert 24h sur 24…

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À l’étage, deux autres ‘collages’ de Marclay, l’un une série de photographies d’interphones, somme toute assez terrifiante par son inhumanité, l’autre un immense rouleau de papier à la chinoise où sont juxtaposées des centaines d’onomatopées issues de BD.

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Ailleurs dans Londres, la galerie Gagosian montre deux installations lumineuses de James Turrell (jusqu’au 10 décembre) : l’une est un caisson d’expérimentation dans lequel on se laisse enfermer pendant 15 minutes, flottant hors du temps, hors du monde dans un univers autre, dans une perte des sensations hallucinatoire. L’autre est une salle à laquelle on accède en haut de huit marches monumentales, baignant dans la lumière, respectant un silence religieux à peine troublé par quelques éclats de flash : les gens sont entourés de nimbes, la couleur change lentement, la vue se brouille, on accède à une lumière intérieure, comme une expérience de ‘presque-mort’. D’ailleurs le caisson d’expérimentation dans lequel on glisse le spectateur volontaire ressemble à un caisson de morgue, et les Gagosian Boys sont vêtus comme des croque-morts. Ça transforme un peu l’expérience, la tirant un peu trop vers le funèbre.

Et aussi : dans le nouvel espace de Hauser & Wirth sont exposés les travaux de broderie de Louise Bourgeois (jusqu’au 18 décembre); et chez Lisson, vidéos et photos de performance de Marina Abramovic (jusqu’au 13 novembre). Par contre la vidéo de Fiona Tan m’a mortellement ennuyé et les sculptures reflets d’Urs Fischer ne m’ont guère convaincu. 

Photos 1 et 2 : Christian Marclay The Clock 2010 Single channel video Duration: 24 hours © the artist Courtesy White Cube. Autres photos de l’auteur.


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