Vénus Noire, cinéma, liberté de la presse et quoi encore ?

Si je consacrais ce billet au cinéma, comme à l'époque bénie où j'avais le temps de prendre le temps de composer une Séance du Mercredi, il est bien évident que mon "film de la semaine" serait Vénus Noire, le nouveau film d'Adbdellatif Kechiche, que je verrai ce weekend. Certes, il s'agit d'un "grand sujet", historique, moral, humaniste qui devrait me faire fuir. Rien ne tue plus le cinéma que les bons sentiments. Mais il s'agit en l'occurrence de la nouvelle oeuvre d'un cinéaste qui, pour être en colère (et il a toutes les raisons d'être en colère), n'a jamais oublié l'exigence cinématographique première : si le cinéma n'a rien à dire, il a tout à montrer.

Venant après un triplé sans faiblesse (La faute à Voltaire, L'esquive qui reste un des films français que je préfère en raison de la justesse de sa vision, et La graine et le mulet), Vénus noire semble nous offrir le quatrième angle sans rondeurs superflues d'un carré d'as. C'est du moins ce que nous dit la presse encore capable de développer un discours critique sur le cinéma.

Depuis l'écriture de ce début de billet, j'ai constaté avec tristesse que ce film-promesse sort dans très peu de salles. On est chez Sarkozy, ou quoi ?

Le nouveau Patricio Guzman, Nostalgie de la lumière, mériterait sans doute quelques développements et j'espère pouvoir y revenir. Ce militant infatigable de la mémoire chilienne d'avant Pinochet, entendu dimanche à Cosmopolitane, me donne toujours l'envie de lever le poing. Le Monde présente ainsi cette œuvre qui m'évoque la lumière : "Âgé de 69 ans, il [Patricio G.] signe aujourd'hui avec Nostalgie de la lumière un film totalement inattendu, qui contourne le genre pour mieux le mener vers des sommets de poésie. Ce film n'est pas seulement le chef-d'oeuvre de Guzman, il est un des plus beaux essais cinématographiques qu'on a vus depuis longtemps" (Jacques Manderbaum). Et toc.

Enfin, on peut revoir en salle Repulsion de Roman Polanski, son premier film

anglais qui donne à Deneuve un de ses très grands rôles, après que Polanski ait consacré, l'année précédente Françoise Dorléac dans Cul de sac. J'aime beaucoup Deneuve, certains jours, quand je la vois faire la une de Tétu, par exemple : là, elle est dans son rôle. Elle l'était dans Repulsion qui reste, à mon sens, un film assez dérangeant. Que penser d'une jolie femme qui, outre son nécessaire de maquillage, trimbale dans son sac une tête de lapin ?

Voila pour le cinéma et pour l'instant.

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SARKO LA HONTE !

Sarko la Honte ! C'est le titre de cette photo qui illustre, pour le site de Reporters sans frontières, la dégringolade de la France dans le respect de la liberté de la presse. A ce "jeu", la France, 44ème au classement mondial  recule à nouveau d'une place en un an, après avoir déjà perdu une place en 2009 pour cause d'Hadopi. Cela n'a l'air de rien, mais en 8 ans, la France de Sarkozy ministre de l'intérieur, puis président, a qiuand même perdu 33 places. Un recul de 33 places en 8 ans au classement mondial de la Liberté de la Presse. Et ce ne sont pas les plaintes contre X visant Le Monde qui vont permettre de retourner cette tendance.

Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF commente ainsi, sur son blog, cette fâcheuse tendance de la nouvelle identité nationale française :
"La France perd encore une place dans notre classement mondial pour la liberté de la presse. C'est très préoccupant. Il est urgent que les autorités réagissent et rappellent l'importance d'une presse totalement indépendante de tous les pouvoirs. L'année 2010 a été marquée par plusieurs agressions contre des journalistes, des mises en examen, des violations ou tentatives de violations du secret des sources et surtout un climat lourd de défiance envers la presse. La majorité présidentielle a eu des mots très menaçants, parfois insultants, envers certains médias. Ces déclarations ont eu une résonance mondiale et, dans beaucoup de pays, le gouvernement français n'est plus considéré comme respectueux de la liberté d'information. La France a perdu son caractère exemplaire dans ce domaine".

Il n'y a pas de quoi être fier, d'autant que l'image d'autres pays de l'Union Européenne se dégrade également. Sans surprise, c'est au Nord de l'Europe, en Finlande, en Islande, en Norvège, aux Pays Bas, en Suède que les journalistes travaillent et dorment dans la plus parfaite sécurité. L'Estonie, chère à la délicieuse Sofi Oksanen, finlandaise d'origine estonienne et auteure de Purge, s'en sort très bien, à la 9ème place. Il suffit de lire le très beau roman de Sofi Oksanen pour comprendre d'où vient l'Estonie, de quelle tragédie liberticide a su s'extirper ce petit pays. Certaines anciennes démocraties de l'Ouest seraient bien inspirées de suivre son exemple.

ÉVÉNEMENT A LA CINÉMATHÈQUE

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Tout Melville, quelle chance ! Et l'ouverture en présence d'Alain Delon qui sut jouer 3 fois pour Melville. Le mandarin est un de mes films préférés.

AUTRE ÉVÉNEMENT QUI RISQUE DE SÉDUIRE

À l'occasion de l'excellent MALAVIDA CINÉ CUBI KLUB, le 4 novembre à 20h30 à l'Action Christine,
projection de WALKOVER, de Jerzy Skolimowski...
EN PRÉSENCE DE JERZY SKOLIMOWSKI !!!!!
Puis à l'issue du débat une petite festivité polonais...
Prêts à rouler sous... l'écran ?

En fait, ce billet ressemble, même de loin, à une séance du Mercredi.

Je voulais des développements sur "la situation" de la France, mais comment avoir envie d'écrire, quand on n'y est pas obligé, sur une telle faillite ? Sarko a vidé tout l'espace (Premier ministre, gouvernement, Parlement, corps constitués) entre sa petite personne et le peuple français. Et il a cru pouvoir décider tout seul que tout seul, il l'emporterait. Niqués les français. Ils peuvent toujours manifester, Monsieur Rollex et Fouquet's sait mieux que tout le monde. Je ne vais pas vous repasser Eiffel (A tout moment la rue...). Depuis cette envie d'écrire (hier soir) on a appris que le chômage avait progressé et que la France était menacée, de l'extérieur, par Ben Laden. Alors...

La priorité de l'été était de virer les roms (le plus possible, en sachant que la plupart revenait dans les semaines suivantes, mais en France on ne fait plus de politique, on fait de la comptabilité. Et en compta, une sortie, c'est une sortie, et une entrée, c'est pas la même écriture.

Aujourd'hui, la priorité est de séduire Les Marchés Financiers, quitte à traiter une réforme historique comme une passe à 20 euros. Quitte à faire le fameux geste d'un doigt à tout un peuple.

Alors, parlons de choses sérieuses, parlons de cinéma. Cette semaine, j'ai reçu deux films d'Amazon.fr, La Reine des pommes de Valérie Donzelli (que je n'avais pas, pauvre de moi) et Tropical Malady d'Apitchapong chose, celui dont les réformateurs de notre retraite trouvent le nom trop compliqué pour eux.

Pas de musique cette semaine, j'ai pas envie.