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Vintage: le Walkman nous ballade

Publié le 28 octobre 2010 par Mojorisin

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Fut un temps où la musique s’écoutait chez soi ou chez les autres. Un temps où écouter le bruit de la circulation, des rames de métro, ou les plaintes de passants surmenés ne résultaient pas d’un choix mais d’une nécessité. Puis un jour, un jeune brésilien nommé Andreas Pavel inventa un appareil lui permettant d’écouter ses morceaux favoris dans la rue. Sony racheta la licence en 1976 pour en débuter la production en 1979 sous l’impulsion de son PDG, Akio Morita, soucieux de concilier sa passion pour le golf et la musique. Naquit de ce désir un bébé voué à faire beaucoup d’émules et de petits : le walkman.

Sony, outre bien entendu ses audacieuses innovations techniques et l'attention toute minutieuse portée au design, doit beaucoup à la culture pop dans la diffusion de ses produits. Tout d’abord au rock’n roll dont l’essors, à la fin des 50’s, s’accompagna d’un usage massif et soudain de ses radios portatives. Déjà l’enseigne libérait la musique de ses contraintes techniques tandis que la jeunesse s'émancipait des contraintes sociales en écoutant du rock dans sa chambre tout d'abord, puis dans la rue par la suite.

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Mais cela restait encore trop encombrant pour le PDG de l’époque et co-fondateur de l’enseigne japonaise. Dans l'idéal, le support ne devait pas encombrer son utilisateur, et la musique importuner les personnes se trouvant aux alentours (et oui, écouter la musique avec un ghetto blaster dans la rue peut vite agacer les passants...);  pour cette raison le casque joua une importance capitale en acquérant deux qualités essentielles : légèreté et confort. Mission remplie par les ingénieurs de la firme puisqu’en juillet 1979 le Walkman fut commercialisé, paré d’une robe bleu métallisée (comme les jeans à la mode) et d’un prix dépassant les 100 euros. L’objet novateur obtint un véritable succès puisqu’au milieu des 90’s les ventes franchirent le cap des 150 millions d’unités vendues.

Les productions cinématographiques ou musicales pop de l’époque aussitôt l'adoubèrent en le mettant en scène, ce qui ne manqua d'en faire un produit "cool" par excellence. Retour vers le Futur, Ghostbusters, Footloose, j’en passe et des meilleurs (souvent des comédies de science fiction), l’incorporèrent dans certaines scènes en lui assurant au passage un statut tout particulier.

Plus qu’une simple publicité, l’objet constitua un élément important de ces films où son apparition passait rarement inaperçue. Le plus souvent même il indiquait le dynamisme du héros parfaitement en phase avec son époque. Très vite la mode s'empara de ce gadget qui, en plus de se révéler pratique et ingénieux, s'afficha comme un symbole de dynamisme, voir de rébellion, mais en tout cas d'appartenance à une élite en avance sur son temps .

De plus la couverture médiatique entourant le phénomène entretint un succès particulièrement envié.

      

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Car le Walkman aurait pu ne rester qu’un simple phénomène de mode, un produit innovant et pratique. Pourtant celui-ci devint une véritable icône, l’emblême d’un rapport nouveau à la musique, au point que le terme « Walkman » intégra les très sérieux dictionnaires au début des 80’s pour nommer ces logiciels capables d’exporter le son hors des foyers, et se faire au passage une place au chaud dans le langage courant. La marque définit ainsi un produit qui se vit soudainement concurrencé par d’autres fabricants (Toshiba…). Ayant compris cela, Sony apporta quantités d’améliorations à sa création, migra vers le format CD assez rapidement (dés le milieu des 80’s), essaya de saisir le tournant numérique (avec le format mini-disc), mais ne parvint à conserver sa position de leader si convoitée sur le secteur de la téléphonie mobile.

Le format MP3 lui fut fatal, ou plus exactement le positionnement de Apple sur ce secteur avec son iPod. Car Sony pensait que Walkman resterait à jamais associé aux « baladeurs », ces engins sur lesquels la firme avait apposé son nom. C’était ignorer le fonctionnement et les enjeux inédits soulevés par la révolution numérique à laquelle le Walkman ne survécu pas.

Associé à Ericsson, Sony tente à présent de prolonger le souvenir de son objet fétiche en utilisant les fonctionnalités offertes par la téléphonie mobile. En vain ? Probablement. Mais alors que la production du célèbre lecteur cassette vient de finir, il y a fort à parier que celui-ci se retrouve non plus accroché aux jeans des passants, mais exhibé sur l’étagère de nombreux nostalgiques (les prix risquant d’ailleurs de décoller, voici le moment de faire un tour au grenier…). Et oui, les jeunes des 80’s sont devenus vieux à présent, et le walkman constitue maintenant leur madeleine de Proust. Seraient-ils saisis d'une soudaine envie de rembobiner? Si oui appuyez sur "Rewind".

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