Lettre à Mademoiselle Sophie Hunger

"Bonjour mademoiselle Sophie Hunger. Je vous écris ces quelques lignes suite à votre concert donné au Rocher Palmer le 26 octobre. Même si je suis, fort honteusement d'ailleurs, arrivé en retard, et ai par conséquent manqué quelques précieuses minutes, je tenais à dire l'admiration qui est la mienne pour cette prestation hors du commun.
Par choix ou pas, vous n'aviez personne pour ouvrir votre spectacle, pas de première partie. J'aurais tendance à penser que c'était une bonne chose, tant vous avez mis la barre haute et la comparaison aurait pu être délicate. Les barrières entre styles ont disparu le temps du concert, les repères étaient flous, et les deux cent personnes (si je tire une petite extrapolation des discussions post-concert) ont été transportées très loin, d'une façon délicieuse mais qui n'avait nullement le goût amer de la complaisance. C'est une preuve de talent que de savoir s'entourer, en tout cas c'est ce que l'on dit : en ce cas, vous êtes, et je n'en doute absolument pas, d'un talent qui je pense force l'admiration de vos parents (sinon, changez-en). Michael Flury au trombone et au glockenspiel abat un travail considérable, gardez-le, tout comme votre batteur au toucher si fin et votre guitariste maîtres es effets sonores : voilà une équipe dont vous pouvez être fier, très clairement, et qui font, à n'en pas douter, votre admiration. Et comme votre doigté fait de vous une excellente pianiste, et que votre voix si modulable ne vous interdit aucun style, cela a fait mon ravissement, et par extension celui du public, à en juger par les 3 standing ovations que vous avez récoltées.
Parce que votre générosité ne s'est pas arrêtée à jouer deux copieux rappels, mais qu'en fait elle transparaissait dans chaque chanson, dans chaque interprétation, dans chaque variation de rythme. Vous n'avez pas eu besoin d'en faire des tonnes pour convaincre le public : que ce soit pour la - très belle - reprise du "Le Vent Nous Portera" de Noir Désir, le classique allemand "Walzer für Niemand", ou encore "Your Personal Religion", "1983" ou "D'Red", un seul fil rouge, une même exigence dans la mélodie, dans leurs variations, dans ce subtil mélange entre effluves jazz, émotion et récits folk teintés d'énergie rock. J'étais bien, j'étais très bien, en haut dans la salle de Cenon, au son parfait. Je n'aurais su en demander plus, j'étais ému, j'étais heureux et avec l'envie de partager votre talent avec ceux qui, heureux soient -ils, ne vous connaissent pas. Eux auront le plaisir brut de la découverte, à moi il reste le plaisir sans fin de la redécouverte. J'espère pouvoir vous dire à bientôt.
PS : un signe qui ne trompe pas : vous avez salué le public en vous tapotant le coeur avec le plat de la main : la dernière artiste que j'ai vue faire ça, ce n'était autre que... Shannon Wright, autre immense artiste que j'admire"
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SOPHIE HUNGER - YOUR PERSONAL RELIGION
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