Camille Silvy, Parisien qui s’établit à Londres et photographia toute l’aristocratie et la bourgeoisie anglaise (mais pas la reine Victoria, malgré tous ses efforts) ne fut actif que de 1857 à 1867. La National Portrait Gallery de Londres lui consacrait une exposition conçue par le Jeu de Paume, qui vient de se terminer. Dans ce business photographique à grande échelle que crée et dirige le prospère Silvy (et l’exposition est éloquente sur cet aspect), apparaissent ici et là quelques joyaux : un fumeur de haschish sur un balcon lors d’un voyage à Alger, où la légère brume de l’image évoque les brumes de l’esprit du fumeur, un portrait (1862) d’un des premiers couples de la bourgeoisie noire, le marchand nigérian James Pinson Labulo Davies et la très belle et très fière Sarah Forbes Bonetta Davies, Dahoméenne qui fut filleule de la Reine Victoria, comme une affirmation d’un monde qui change, comme une réponse, 62 ans plus tard à la Négresse de Marie-Guillemine Benoist.
C’est peut-être la première fois qu’un couple noir est portraituré ‘comme des blancs’, tant les habits que la pose, et, partant, le regard qu’on a sur eux.
Silvy savait fort bien jouer des regards et des artifices : emblématique est ce portrait des Misses Booth (1861), deux soeurs et le reflet dans un miroir de celle qui se détourne de nous : artifice certes, mais composition fine et bien sentie.

Enfin, une de ses photographies les plus

