Le cabinet français d'expertise comptable, d'audit et de conseil veut produire des chiffres sur les activités des industries extractives.
L'objectif principal de la présence au Cameroun des responsables du cabinet français Kpmg était pourtant fort simple: faire connaître qu'un bureau existe désormais au Cameroun et faire savoir aux entreprises qu'il existe certes l'offre audit, mais également l'offre conseil. Mais au-delà de cette présentation et de la coïncidence avec la préparation de l'emprunt obligataire de l'Etat du Cameroun au moment du passage de cette équipe, le président de Kpmg, Jean Luc Decornoy, a indiqué au cours d'une rencontre avec les opérateurs économiques à l'hôtel Le méridien de Douala que son cabinet peut également s'occuper des «contrats de concession, de l'élaboration des budgets des collectivités décentralisées, etc».
Et ce n'est pas tout. Le directeur Advisory Afrique francophone subsaharienne, Thierry Colatrella a souligné que Kpmg est également intéressé par les audits dans le domaine des industries extractives. «Pour ce travail, le cabinet va recueillir les données auprès du Trésor et des opérateurs du secteur. Le travail va donc consister à rapprocher les écarts et apporter des explications», explique Thierry Colatrella. «On l'a déjà fait pour d'autres pays, à l'instar du Congo et du Gabon. Dans ces pays, c'est vrai qu'il y a eu la pression de certaines Ong, mais ces Etats sont venus d'eux-mêmes vers nous sans qu'une offre particulière ne leur soit faite. Et dans l'analyse de nos résultats, on se rend souvent compte que les écarts peuvent être dus à la formation de ceux qui s'occupent de ces chiffres mais aussi à une certaine volonté», poursuit-il.
Transparence
Avant de préciser que les résultats sont destinés dans le cas de ces audits à l'Etat et à la Banque mondiale. Mais en attendant que l'Etat du Cameroun ne se dise intéressé ou non par cette offre, Kpmg vient de réaliser à la Sonara, un «diagnostic opérationnel et financier». «Qui est différents de l'audit», précise le responsable de Kpmg.
Le Cameroun, qui clame son désir de transparence dans la gestion des ressources du sous sol, ne semble pas avoir convenu les instances spécialisées, comme en témoigne le rapport publié le 06 octobre 2010 par les Ong internationales Revenue Watch Institute et Transparency International. Selon le classement publié par ces deux organismes, sur la disponibilité et la fiabilité des informations fournies par les Etats exploitant des ressources minières, le Cameroun est 27 ème sur un classement de 41 pays.
Le Cameroun se classe ainsi derrière le Nigéria, le Botswana, la Chine et le Gabon, mais devant la Zambie, le Soudan, la Rdc et le Ghana, et est donc classé parmi les pays à transparence partielle. Selon les rédacteurs de ce classement, « ces pays fournissent à leurs citoyens un certain nombre d'informations du secteur extractif, mais ont encore des lacunes importantes dans la transparence dans une ou plusieurs catégories spécifiques de l'indice. De ce point de vue, le Revenue Watch Index reconnaît au Cameroun un certain nombre d'avancées dans la mise en œuvre des principes de transparence dans le secteur extractif notamment la divulgation des données statistiques sur les volumes, les prix de ventes, les coûts de production, etc.». Ainsi, le rapport de Revenue Watch Institut fait remarquer «qu'il y a encore d'importants progrès à accomplir pour que le Cameroun réponde pleinement aux exigences de la société civile en matière de transparence des industries extractives». Des décisions prises à Dar Es Salaam en Tanzanie, les 19 et 20 octobre 2010 par le Conseil d'administration de l'Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (Itie), il ressort que le Cameroun n'a toujours pas réussi à devenir un «pays conforme» de l'Itie, c'est-à-dire un pays qui respecte les critères de transparence.