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"Rabia" : conte social et mystique

Par Vierasouto


30 - 10
2010
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Pitch.
Un couple d'immigrés sud-américains vivant et travaillant à Madrid est séparé par un drame. L'homme disparaît et la jeune femme enceinte élève l'enfant avec l'aide de ses patrons mais son fiancé disparu rode...

C'est un film avec une image superbe, comme on en voit peu, une mise en scène brillante, un casting nickel, pourtant, quelque chose cloche... Le scénario, l'histoire, filiforme, dont on nous dit au verso de la jaquette du DVD combien, en deux mots, ce film tragique illustrerait la lutte des classes. C'est un peu simple comme résumé du thème du film. Je vois plutôt un film très stylisé, un peu un conte mystique avec un homme et une femme et l'homme, comme par hasard s'appelle José-Maria... Père d'un enfant porté par la pure Rosa, il va vivre un calvaire, caché au dernier étage de la maison. Mais revenons au synopsis.

photo M6 Vidéo
 
Rosa et José-Maria s'aiment depuis peu, un coup de foudre, mais ils se connaissent à peine. Tous deux immigrés sud-américains vivant à Madrid, il travaille sur un chantier, elle est domestique dans une superbe maison bourgeoise. Tout de suite, on présente José-Maria comme un homme hyper-violent qui a la rage (rabia) en lui, des types se moquent de Rosa et de "son latino", il cogne, le patron du chantier l'engueule, il claque la porte, revient, le tue par accident dans une bagarre. Devenu chômeur, puis assassin recherché par la police, José-Maria se terre, squattant le grenier de la maison où travaille Rosa qui ignore sa présence. Fantôme protecteur et justicier, Jose-Maria écoute les conversations de la famille Torres, apprend que Rosa est enceinte de lui, influence sa décision de garder l'enfant en téléphonant de nulle part aux moments stratégiques, pire, devenu fou, très malade, il va venger la femme qu'il aime quand il comprend qu'elle a été violée par le fils, Alvarro Torres, un taré bon à rien.

photo M6 Vidéo

La famille Torres est abordée intelligemment avec des nuances, qu'on laisse entendre très riche autrefois mais plus aussi à l'aise aujourd'hui, vivant quand même avec un train de vie qu'il ne peuvent plus assurer comme ceux qui ont des habitudes de nantis, un fils alcoolique ruinant le père avec des emprunts pour affaires douteuses, une fille écervelée qui divorce sur un coup de tête et réclame, elle aussi, de l'argent, la mort tue d'un fils en bas âge. Quand Rosa est enceinte, la mère propose de s'occuper de l'enfant avec elle, auparavant, ayant appris que Rosa a eu une liaison avec un homme recherché par la police, elle ne lui jette pas la pierre, fait la part des choses. Ce n'est pas un conflit individuel entre une famille bourgeoise et son employée mais un problème de société. D'un côté, la soumission de Rosa, objet des fantasmes de tous, obligée d'accepter les avances du fils, la générosité des parents, la disparition de José-Maria dont elle s'aperçoit qu'elle ne sait rien de lui, et son absence de révolte est sans doute le plus terrible. De l'autre côté, celui qui s'est révolté, José-Maria, retrouvant l'animalité à cause de ses conditions de survie, va être éradiqué comme un rat, sa place dans la société ne lui donnant aucune chance de se défendre.

photo M6 Vidéo

Réalisé comme un film fantastique (produit par Guillermo del Toro et c'est tout à fait dans son style), l'ambiance verdâtre, les clair-obscurs, le visage de José-Maria filmé le plus souvent dans la pénombre, évoluant comme un visage christique agonisant lentement, la manière de plonger dans les pièces de la maison, d'espionner derrière les portes, avec cette séparation des étages bas bourgeois où l'on vit et du grenier envahi par les rats, créant l'angoisse, la montée en tension jusqu'au jour au Monsieur Torres décide de dératiser la maison... Si l'on veut entrer dans cette histoire à la minceur embryonnaire (sans jeu de mots), assez peu crédible au sens réaliste du terme, il faut prendre le film comme un conte social, spirituel, quasi-religieux, Joseph, Marie et l'enfant à naître face à l'adversité du monde... Le grand atout de ce film, ce n'est pas tant l'histoire mais ses images et sa mise en scène, et ce n'est pas rien... 
DVD M6 Vidéo, sortie 19 octobre 2010. 

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Mots-clés : CinéDVD, cinéactuel, cinéma espagnol, , Sebastian Cordero

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