Choillot a déménagé...

Choillot a déménagé...

La maison Choillot a déménagé, et le bâtiment qui historiquement abritait la société a été démoli. Si vous n'êtes pas dijonnais depuis plusieurs générations, cette information ne vous touchera certainement pas. Sinon, il faut vous souvenir de ces petites remorques qui étaient abondamment utilisées dans les années 30, 40 et 50, accrochées à un vélo ou à un cyclomoteur, et qui portaient ici sur Dijon le nom de leurs concepteurs, les frères Jean et André Choillot.
Elle étaient en bois et métal forgé, munies de deux roues de cycle et pourvues d'un timon permettant de les accrocher. Elles furent rapidement si répandues dans la région dijonnaise que le nom y devint générique: on achetait une "choillot", on utilisait la "choillot" pour aller au jardin, voire même pour emmener bébé en pique-nique! "T'as accroché la choillot?"
Avec la popularisation de la voiture, les "choillot" ont progressivement disparu, même si la société existe encore et commercialise toujours avec allégresse des remorques.
J'ai cherché dans les archives photographiques familiales si la "choillot" de mon grand-père y était. Hélas je n'ai pas trouvé d'image de cette remorque qui nous fut si familière, et utilisée si souvent par tout le monde, ce qui est je crois difficile à réaliser aujourd'hui pour quelqu'un de moins de quarante ans. Tirée par un vélo, un cyclomoteur ou une motocyclette -mon grand-père avait une Terrot, fabriquée aussi à Dijon-, la "choillot" était partout!

Il faut dire que des années 20 aux années 60 l'usage du cycle en général était beaucoup plus répandu qu'aujourd'hui. D'un prix raisonnable contrairement à l'automobile, ne nécessitant pas de carburant autre que l'huile de... genou, le vélo était le moyen de déplacement idéal pour les courtes distances. Si je n'ai pas trouvé d'image de la remorque de mon grand-père, j'ai en revanche déniché des photos de ma mère à 17 ans, en 1943, profitant du beau temps pour baguenauder avec quelques camarades le long du canal de Bourgogne.

Qu'auraient donc pu faire, en pleine occupation, des adolescents d'une petite ville, s'ils n'avaient eu la chance de posséder des bicyclettes? Ma mère m'a raconté comment elle partait en vélo certains jours faire le tour des quelques fermes alentours pour tenter d'acquérir des œufs ou du lait... Je suppose que partir en promenade permettait d'oublier pendant quelques trop courtes heures les difficultés du moment.
Bref, tout ça pour dire que cette démolition de la maison Choillot, ben ça m'a fait un petit quelque chose. Publié par Pascal Oudot le