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La bouche qui mange ne parle pas de Janis OTSIEMI

Par Lecturissime

 

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♥ ♥

Un roman policier gabonais truculent.

L’auteur :

Janis OTSIEMI est un écrivain gabonais. Il est actuellement secrétaire général adjoint de l’Union des écrivains gabonais, après un bref passage au gouvernorat de l’Estuaire. Il a publié son premier roman Tous les chemins mènent à l’Autre en 2001.

L’histoire :

Quand Solo sort de prison, il s’adresse à son cousin Tito pour chercher une affaire qui pourrait lui rapporter de l’argent pour se refaire. Tito lui demande alors de jouer le chauffeur dans une sombre affaire d’enlèvements d’enfants. Certains politiciens gabonais n’hésitent pas en effet à faire tuer de jeunes enfants dont les attributs sont utilisés par des marabouts dans des rituels visant à les maintenir au pouvoir… Les policiers Koumba et Owoula sont rapidement sur les traces de Tito…

Ce que j’ai aimé :

-   L’immersion dans le pays : le lecteur déambule aux côtés des protagonistes dans la capitale gabonaise, de Louis au Cap Esterias, accompagnant Solo et les autres dans leurs tribulations hasardeuses et découvrant avec horreur tous les dessous de la ville, plutôt glauques…

Les expressions renforcent cette immersion : « On n’est pas des cousins à plaisanteries », « Tu cherches toujours la bouche des gens » (tu provoques) « un type qui a bouffé des guêpes » (être surexcité) « kala-kala » (longtemps)…

-   Les personnages sont bien campés : les petits truands toujours plus avides d’argent pour « ambiancer », les policiers corrompus qui laissent souvent filer les bandits en contrepartie de quelque pécule, les politiciens superstitieux prêt à tout pour rester au pouvoir…

« La police de Libreville n’était pas celle de New York avec sa section scientifique et ses médecins légistes. Ici, il fallait faire avec les moyens du bord. Et les différentes enquêtes avaient le même mode d’emploi : « pas besoin d’être à la recherche d’éventuels témoins. On descend dans les quartiers populaires, on bouscule des indics. Le premier indigène que la rumeur soupçonne, les flics le ferrent et lui filent une torture qui ferait pâlir un nazi. Si l’indigène y est pour quelque chose, il videra son sac et vous conduira sur les lieux de son forfait. S’il n’y est pour rien après une petite vérification, on enchriste un autre indigène jusqu’à ce qu’on tombe sur le bon bougnoule. » (p.116)

Ce que j’ai moins aimé :

-   L’auteur crée plusieurs intrigues policières (braquages, vol de voitures, crimes rituels, fabrication de faux-billets, chantages, et j'en passe...) sans les exploiter de bout en bout, les menant rapidement dans des ruelles sombres dans lesquelles elles se perdent. Par exemple le sujet principal du roman autour des crimes rituels aurait mérité plus d’approfondissement. L’atmosphère prime sur le suspens quand les deux auraient pu être savamment imbriqués…

Premières phrases :

« 20 heures. Quartier La Campagne.

Solo descendit d’un taxi reconnaissable à ses larges bandes rouges et blanches. Il se dirigea vers un groupe de jeunes hommes paumés qui bavardaient sous un lampadaire sur le capot d’une voiture posée sur des cales de bois. »

Vous aimerez aussi :

Mma Ramotswe détective d’Alexander MC CALL SMITH

La bouche qui ne parle pas, Janis OTSIEMI, Editions Jigal Polar, septembre 2010, 160 p., 15 euros

Merci à Yves pour le prêt. Jean-Marc en parle également.


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