Dilma Rousseff, première reine du Brésil

Les sondages ne s’y sont pas trompés, Lula non plus. Dilma Roussef a été sacrée ce dimanche 31 octobre présidente de la république du Brésil. Elle a su profité du soutien de son prédécesseur Lula tout en contrant les attaques répétées de l’Eglise pour devenir la première femme à la tête du Brésil. Retour sur l’élection d’une femme de défis.

Une fin de campagne difficile

Entre football, religion et Lula, difficile de se faire une place au pays auriverde. Donnée largement favorite des élections présidentielles dés cet été, la victoire a pourtant mis plus de temps que prévu à se dessiner pour Dilma Rousseff. Le soutien inconditionnel de Lula n’a pas suffit à lui assurer la majorité absolue dés le premier tour. La faute à Marina Silva, la candidate écologiste a réussi à créer la surprise en y recueillant 20% des voies. C’est ensuite l’Eglise qui joua le rôle de l’invité surprise durant l’entre deux tours. La communauté catholique y dénonça la personnalité si peu conservatrice de Dilma Rousseff. Celle-ci eut beau se défendre, en lançant notamment une campagne anti-avortement, ces attaques suffirent à susciter le doute chez 150 millions de brésiliens catholiques. Pas assez certes, puisque Dilma Rousseff a finalement recueilli près de 55% des suffrages au second tour pour devenir la successeur officielle de Lula.

L’héritage de Lula

Cette élection marque également la fin de la présidence de « l’homme politique le plus populaire de la planète » selon Obama. La constitution brésilienne interdisait en effet à Lula de briguer un troisième mandat de suite, au grand désarroi de la population brésilienne qui souhaitait à 80% le voir réélu. Cette année, il passe donc le flambeau à celle qui selon lui est la plus qualifiée pour conduire une politique social libérale à son terme. Cadeau ou fardeau pour la nouvelle présidente du Brésil ? Cadeau à coup sûr, puisque le soutien de Lula est pour beaucoup dans son élection à la tête du pays. Fardeau, l’avenir nous le dira. Une chose est sûre, sa tâche sera dure étant donné le bilan extraordinaire de son prédécesseur. Economiquement parlant, le Brésil a profité d’une croissance moyenne de 5% par an pour devenir l’une des dix plus grandes économies mondiales et s’imposer sur la scène internationale. Socialement parlant, Lula s’est fait le messager des pauvres tant sur la scène nationale où 29 millions de brésiliens ont quitté ce statut que sur la scène internationale où de nombreux dons ont été fait aux pays en développement. Difficile donc de faire mieux. Mais des défis, Dilma Rousseff en a vu bien d’autres, et ce n’est pas celui-ci qui la fera reculer.

La Jeanne d’Arc de la guérilla

Agée de 62 ans, Dilma Rousseff a connu la dictature au Brésil. Loin de se laisser faire par une idéologie qui n’est pas la sienne, elle s’est rapidement engagée dans les mouvements révolutionnaires. Elle participa entre autre à la guérilla qui sévissait dans le pays dans les années 60 et durant laquelle elle hérita du surnom de la Jeanne d’Arc de la guérilla pour son engagement sans faille. Elle connut ensuite la torture, la prison mais aussi les joies de la démocratie. Rien d’étonnant donc de la voir s’engager en politique aux cotés de Lula, un homme qui partageait les même valeurs sociales-libérales.

Dilma Rousseff est donc une femme de défi. Prendre le relai de Lula en est déjà un énorme. Un autre, tout aussi difficile, sera de faire entendre sa voie de femme dans un pays ou la culture machiste reste de mise…

Boa sorte Dilma !

E.B