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L'Amérique Latine à gauche, l'élection de Dilma Rousseff

Publié le 01 novembre 2010 par Jcgrellety

Comme pour la mondialisation avec la colonisation européenne du monde, il faut replacer le contexte des évènements et des évolutions de l'Amérique Latine et ces jours-ci du Brésil dans la perspective historique longue. Colonisée rapidement et brutalement par les Espagnols et les Portugais, l'Amérique Latine et l'Amérique Centrale ont connu de longs siècles d'esclavagisme et d'exploitation, avec les grands propriétaires terriens (dont la méthode est simple : arriver sur des terres, s'installer, déclarer que tout ce qui se trouve autour est à soi, et si nécessaire, tuer celles et ceux qui ne sont pas d'accord), et ENCORE AUJOURD'HUI, à l'exception notable de la Bolivie qui a réussi à être dirigé par Evo Morales, des "Indiens", des Natifs, comme les Mapuche au Chili, doivent se battre, face à cette oligarchie-ploutocratie, comme face à un terrorisme d'Etat. Les Européens, riches ou futurs riches, ont exporté à travers le monde (la "colonisation") la FEODALITE, fondée sur l'appropriation massive des sols, l'usage légitimé par "la religion" ou non de la force, le servage. De ce point de vue, Lula n'a pas extraordinairement réussi, parce qu'il existe une oligarchie brésilienne puissante et dangereuse, et les Sans-Terre continuent de se battre, avec toutes les difficultés du monde. L'élection de Dilma Rousseff est une bonne nouvelle, mais elle va devoir lutter contre toutes les armes de séduction massives que l'Oligarchie brésilienne va déployer pour la convaincre de gouverner dans un "centre sage", qui signifie en fait le conservatisme, le statu quo en matière économique et social. Mais le Brésil n'en est pas encore au niveau de réflexion et d'organisation politique d'une Bolivie décolonisée, avec sa nouvelle constitution adoptée en janvier 2009 (cf. ci-dessous). C'est dans ce contexte si difficile et si dur que les gauches d'Amérique du Sud luttent et luttent efficacement, ces dernières années. 

"Les Boliviens ont très largement adopté (par 60% de oui), dimanche 25 janvier, le projet de nouvelle constitution soumis par le président Evo Morales. Plus de trois ans après son historique élection à la tête de la Bolivie, en décembre 2005, Morales a ainsi accompli sa principale promesse de campagne. Car cette nouvelle constitution, véritable colonne vertébrale du projet politique présidentiel, est un immense texte – 411 articles – qui a pour projet de transformer une Bolivie aux relations de pouvoir coloniales en un pays multiethnique et multiculturel. Peu après l'annonce des résultats, dimanche soir, le premier président indigène de Bolivie a proclamé «la refondation de la Bolivie et la fin de l'Etat colonial (...) grâce à la conscience du peuple bolivien». «C'est la fin des immenses exploitations agricoles et des grands propriétaires», a-t-il ajouté devant une foule joyeuse massée sur la place d'Armes. Le texte, approuvé au niveau national par environ 60% des votes selon les derniers décomptes donnés dans la nuit de dimanche à lundi par les télévisions, est néanmoins rejeté dans les cinq régions autonomistes de droite: Santa Cruz (est), Tarija et Chuquisaca (sud), et Pando et Beni (nord). Selon la chaîne Unitel, le non l'emporte dans la région de Santa Cruz, la plus riche du pays, par plus de 70% des voix. Dans les régions andines, les plus pauvres du pays, le oui arrive largement en tête. Cette constitution représente une véritable révolution pour la population indigène, qui constitue les trois quarts des 9,7 millions de Boliviens, mais qui reste considérée comme une minorité dans le pays. Au début de la décennie, l'arrivée d'un Indien à la tête de l'Etat était perçue comme une hérésie par l'élite politique et économique. Il suffit de regarder la galerie de portraits accrochés dans les couloirs de l'Assemblée nationale, au cœur de La Paz, pour comprendre l'ampleur de la dette de l'Etat à l'égard de la population indigène. Des centaines de visages blancs défilent, aucun issu des ethnies indiennes. Rédigé par une Assemblée constituante dont la moitié des représentants, élus en 2006, sont des Indiens, le nouveau texte – qui devra toutefois être décliné par la suite sur le terrain législatif – officialise l'existence de 36 ethnies indigènes (et non seulement les principales, que sont les Aymaras, Quechuas et Guaranis). Leurs langues devront être respectées au même titre que l'espagnol. L'article 5 redonne comme officielles « l'espagnol ainsi que toutes les langues et nations et peuples indigènes », soit 37 langues au total. Les fonctionnaires auront l'obligation de parler au moins une des langues indigènes de la région dans laquelle ils travaillent afin de prêter un meilleur service aux citoyens. Ces derniers auront pour la première fois la possibilité d'être jugés dans leur langue maternelle. Autre innovation : la constitution fait acte de reconnaissance aux quelque 20.000 Boliviens descendant d'Africains, une minorité jusqu'alors ignorée. « L'Assemblée constituante et le texte auquel nous avons abouti ont été pensés pour décoloniser le pays, plus de 500 ans après l'arrivée des conquistadors espagnols », résume Raul Prada, un membre de l'Assemblée issu du MAS (Mouvement vers le socialisme), le parti d'Evo Morales.


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