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Le championnat NBA a donc repris depuis une semaine. Et c’est l’affiche entre les Boston Celtics et Miami Heat qui a inauguré la nouvelle saison de ce qui se fait sans doute de mieux en matière de sport collectif. Seul le football européen avec sa Ligue des Champions peut prétendre boxer dans la même catégorie en terme de stars et de retentissement médiatique. Mais si le ballon rond est confortablement installé dans l’Hexagone, il n’en va pas de même pour le basket des clubs qui a perdu de sa superbe depuis les années quatre-vingt dix. De nos jours, et c’est encore beaucoup plus flagrant à Grenoble pour d’autres raisons, c’est le rugby qui occupe désormais le principal espace d’attention français, juste derrière le football. Pourtant, en 1993, le CSP Limoges devenait champion d’Europe et toute une jeunesse était par ailleurs bercée par les exploits de la Dream-Team des Etats-Unis aux Jeux Olympiques de Barcelone de 1992. Michael Jordan, Magic Johnson, Scottie Pippen ou bien encore Patrick Ewing ont fait rêver une planète toute entière, comme peu de sportifs avant eux.
Comment alors expliquer que l’impact concret de ce sport soit dorénavant si anecdotique en France ? Le championnat de Pro A n’intéresse plus grand monde et sa diffusion est confidentielle. Dans le même temps, la professionnalisation du rugby a entrainé l’ovalie vers les plus hautes sphères médiatiques. Néanmoins, cette course à l’échalote tendant vers la spectacularisation à outrance frise souvent le ridicule et le grotesque, comme le prouvent les mises en scènes dégoulinant de mauvais goût lors de rencontres du Top 14 au Stade de France. Quoi qu’il en soit, il apparaît de manière certaine que le rugby serait le deuxième sport hexagonal. Or c’est bien le basket qui compte le deuxième plus grand nombre de licenciés (le premier chez les femmes) et le deuxième salaire professionnel moyen. D’une certaine façon, il semblerait que le rugby ait complètement exploité son potentiel de développement alors que le basket a beaucoup souffert de la déliquescence de clubs prestigieux comme Limoges et Pau-Orthez. Les joueurs stars comme Tony Parker ou bien encore Joachim Noah ne manquent certes pas, mais ne font que contraster avec la relative pauvreté de la Pro A. Peut-être que, en définitive, cette image du rugby, avec son esprit de clocher et son accent du sud-ouest, est plus facile à vendre que celle du basket, plus urbaine et plus diverse, dans un pays à la population âgée et qui se rassure comme elle peut à base de réminiscences rurales ?
Brice Tollemer