Éditeur : Gallimard - Date Parution : 12/01/2006 - 157 pages
Mme Lure est une femme que l’on ne remarque pas. Veuve, elle vit dan son appartement où chaque chose est sa place. Prisonnière de ce qui l’entoure. Elle rêve, elle voyage par procuration grâce aux brochures touristiques. Un jour, au supermarché, elle remarque un jeune homme qui vole. Elle le suit. Lui c’est Vargas, un homme qui vit dans un campement de fortune. Un des hommes que l’on appelle gitan. Après les demeurées, ce livre a été lui aussi une grande claque ! Un livre d’une beauté rare et magnifique ! Mme Lure s’est mariée comme on dit « oui » à quelqu’un qui demande un service. Elle dépoussière les livres de son défunt mari sans jamais les ouvrir. Les affaires de Monsieur Lure étaient à lui. Elle garde une distance vis-à-vis de ces objets, souvenirs de sa vie à lui. Elle n’en est pas propriétaire. Son plaisir est de voyager, découvrir des pays dans les brochures. Une photo et elle s’évade, elle rêve. Sa rencontre avec Vargas est le début du changement de sa vie. Elle décide de laisser la poussière se déposer, elle a désormais les mains libres. Elle a rompu ses liens invisibles. Vargas lui aussi va donner une autre orientation à sa vie grâce à cette rencontre. Malgré la barrière de la langue, ils se comprendront, s’aideront à travers des gestes et des silences aussi puissants que les mots. Jeanne Benameur sait donner toute leur quintessence aux mots. Sous sa plume, ils deviennent plus forts, donnent leur vrai sens. Son écriture ciselée se boit, une écriture où l’économie des mots donne une force au texte. Je suis sortie de cette lecture comme « habitée » de ces mots… Un coup de cœur !L’avis de Géraldine toute aussi subjuguée… Si l’appartement de monsieur Lure l’a si bien gardée ; si l’espace relié, organisé, a si bien joué son rôle ; si elle a été, elle, ce point ordonné, seul mobile parmi les autres ; elle sait qu’elle n’a rien tissé. Jamais. C’est l’évidence. Elle a juste retenu. Quoi ?Les mains de madame Lure sont ouvertes sur ses genoux. La lumière a baissé. On ne peut pas dire que ses mains reposent. Non. Elles sont ouvertes, simplement. Deux tortues sur le dos. La paume nue, fragile désormais parce qu’elle a caressé. Des mains qu’on ne peut plus refermer. Ces mains là qui ont pris, rangé, serré ces mains-là ne pourront jamais plus rien faire comme avant.