Magazine Culture

Arts sonores, en decoudre avec les machines a coudre

Publié le 31 octobre 2010 par Desartsonnants

SYMPHONIE POUR

MOTEURS DE MACHINES A COUDRE

Deux  raisons font que ce genre d'expériences me plaisent et que j'ai envie de vous faire partager cet article. La première : J'ai toujours aimé les artistes travaillant sur des mécanismes du quotidien, les Rémus et les machines à laver et moteurs de motos, Bosch et Simons et Berthet et leurs aspirateurs, Impala Utopia et leurs klaxons de voitures... Je trouve, selon les cas, dans ces concerts-performances-installations une douce poésie, un humour décalé non sans une pointe parfois d'ironie, un art de la récupération-construction-détournement  souvent aussi intéressant plastiquement qu'auditivement, une certaine continuité post futuriste ou musique concrète, une façon de revisiter notre environnement qui vient titiller l'oreille et le regard... La deuxième, plus anecdotique, tient au fait que je suis né dans la petite ville d'Amplepuis, celle où a vécu l'inventeur de la machine à coudre Barthélémy Thimonier. Article de Fabien Deglise
publié dans Le Devoir
29 octobre 2010
Il n'a jamais perdu le fil de sa création. En tombant par hasard, dans un écoquartier de Montréal, sur une vieille machine à coudre électrique de marque Singer, le compositeur-instrumentiste atypique Martin Messier savait qu'un jour, il allait réussir à la faire chanter. Un ambitieux projet qui, ce soir, dans le cadre du Festival de musique actuelle Akousma, va finalement prendre vie avec une première attendue, celle du Sewing Machine Orchestra, sa dernière création.

ARTS SONORES, EN DECOUDRE AVEC LES MACHINES A COUDRE
" />
" />
" align="left" height="306" width="449" vspace="5" alt="«Ces machines à coudre ont une vie, une histoire, une sonorité unique», estime Martin Messier.
" hspace="5" />Le détournement est fascinant. Sur scène, huit de ces objets mythiques, dont le bruit unique a rebondi sur le mur des maisons du Québec dans les années 1950, 60 et 70, vont s'exposer, en toute simplicité, sur des planches de bois chargées d'amplifier la sonorité de leur moteur. Messier, en alchimiste de l'électroacoustique, un ordinateur portable marqué d'une pomme lumineuse et quelques boîtes

électriques contrôlées à distance se chargeront alors de les faire respirer, haleter et s'envoler pendant 25 à 30 minutes.

«C'est une création dans la contrainte et c'est ce que j'aime, lance l'artiste rencontré par Le Devoir lors d'une récente répétition. Aujourd'hui, avec la musique par ordinateur, nous vivons dans un monde sonore de l'infini et de tous les possibles. Avec ce projet, je voulais justement m'éloigner de cet univers pour renouer avec la matérialité du son.»

L'artiste ne coud pas. Il ne l'a jamais fait. Mais il sait très bien tisser des liens avec l'incongru. Il l'a déjà fait par le passé avec L'Horloger, une aventure sonore exploitant une dizaine de vieux réveille-matin, ou encore avec son Projet pupitre, une pièce musicale composée de tous ces bruits générés par les objets que l'on peut trouver sur un bureau: crayon, agrafeuse, ciseaux, élastique...

«Avec des objets, plus qu'avec des sons sortant d'un ordinateur, c'est l'esprit de performance qui prend le dessus, dit Martin Messier, ex-batteur qui s'est frotté à l'électroacoustisme à l'Université de Montréal. Là, je me retrouve avec huit machines qui font sensiblement le même son, mais c'est malgré tout plein de possibilités.»

L'artiste invite au silence et appuie sur une touche de son clavier. Les machines se mettent alors en marche, par à-coups, installant très vite dans la pièce un jeu rythmique précis et rapide en même temps. «C'est du matériel de qualité avec des moteurs qui réagissent super rapidement, résume Martin Messier, qui aime se voir surtout comme un antiquaire sonore plutôt qu'un recycleur. Ces machines à coudre ont une vie, une histoire, une sonorité unique. Elles ont une matière à extraire et c'est ce que j'ai essayé de faire.» Une matière qui, ce soir, va remplir la salle du Monument-National à Montréal après des mois de préparation, de répétitions, d'ajustements et de doutes pour cet orchestre hors norme qui, au-delà des tonalités, cherche aussi à tisser des liens entre deux mondes: celui du textile et de la musique.

 

 

 

 

 

 

 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Desartsonnants 152836 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines