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Sophie Calle, fille de

Publié le 05 novembre 2010 par Marc Lenot

detail-de-pole-nords.1288949801.jpgQuand on se souvient des expositions désastreuses qui ont eu lieu dans les espaces ‘privatisés’ du Palais de Tokyo (la pire ayant été, je crois, celle de Nivéa sur la peau où, seule, une composition de Nicole Tran Ba Vang sauvait la mise), c’est un plaisir que d’aller découvrir la friche, ces espaces vierges en travaux à l’étage en-dessous, promis à un bel avenir (jusqu’au 27 novembre, sur réservation seulement). Grâce à la galerie Perrotin, y est présenté un ensemble de pièces de Sophie Calle autour de la mort de sa mère, ‘Rachel, Monique’, personnage mythique et haut en couleur (dont l’épitaphe est “Je m’ennuie déjà”, voir l’article de Jean-Max Colard dans les Inrocks du 13 octobre).

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Dans cet espace en chantier, au milieu des ouvriers en casque qui s’affairent, on ère parmi des tombes maternelles, on regarde la vidéo mortuaire, l’instant où la vie disparaît, où l’âme s’envole, on découvre des mementos en tout genre, dessins, bouquets de fleurs et citations (”Si je devais un jour disparaître, je te laisse mon ombre qui veillera sur toi”*). Le récit du voyage mémoriel dans l’Arctique est très beau. 

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Pour le visiteur anonyme, c’est à peine émouvant, quelle que soit l’aura de Rachel-Monique Szyndler-Calle-Pagliero-Gonthier-Sindler : on perçoit plus d’ironie que de tragédie dans ces lieux, mais surtout on admire la manière dont, comme toujours, Sophie Calle se nourrit de tout ce qui l’entoure pour le transformer, le mausoléiser, l’artifier. Et ça, c’est très fort. 

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En y allant, passez par le fossé sombre et humide au pied du Palais: dans un jardin sauvage (conçu par le groupe balto), une colonne est suspendue à un trépied, ruine funéraire aussi, peut-être, monument tragique dû à Benjamin Valenza.

* Une fresque de Masaccio dans l’église Santa Maria del Carmine à Florence montre  l’ombre de Saint Pierre touchant des infirmes et des malades, qui guérissent aussitôt sur son passage, sans contact, sans regard, sans paroles, l’ombre seule (Actes, 5, 12-15).

Photo 1 courtoisie Galerie Perrotin; autres photos de l’auteur. Sophie Calle étant représentée par l’ADAGP, les photographies de son travail seront retirées au bout d’un mois.


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