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Wall Street connait un krach

Publié le 05 novembre 2010 par Mojorisin

Accoler un 2 à la suite d'un bon film ne suffit pas à faire un film crédible. Cela implique même un gros travail de renouvellement dans la continuité (là est toute la difficulté). Oliver Stone, pressé par la crise des subprimes, se sentit obligé de produire une petite soeur à son oeuvre fétiche, Wall Street. Mais à sonder les racines de la crise, sa réalisation plonge également dans les abîmes. Raté

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Disons-le une bonne fois pour se soulager : Wall Street 2 est un échec cuisant. L’idée même d’une suite suscitait quelques inquiétudes, mais là le résultat se révèle encore plus désastreux…En réalité le cas Wall Street nous montre ce qui différencie une bonne œuvre pop d’une mauvaise.

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Wall Street 1 nous réjouit particulièrement grace à sa réalisation inspirée, sa mise en scène proche d'une tragédie grecque, et sa bande son particulièrement en phase avec son époque. Découvrir le capitalisme financier au moyen des démonstrations cyniques d’un Michael Douglas alors au top, magnifié par les sonorités de Sinatra, Verdi, et surtout Talking Head, se révéla bien plus stimulant que n’importe quel séminaire dispensé par Hayek ou Friedman (un célèbre économiste libéral). Oliver Stone se posait alors en visionnaire, véritable Cassandre des temps modernes, délivrant son message préventif en utilisant à la perfection la narration pop, mélange de divertissement et d’enseignement.

Le célèbre réalisateur aurait pu en rester là, prendre acte de la concrétisation de sa prophétie, mais non… Un excès d’arrogance inconsciente le poussa à réaliser une suite démontrant au reste du monde la véracité de son anticipation. Oui Oliver, tu avais prévu dès 1987 (date de sortie de Wall Street 1) les méfaits de la spéculation mais était-il nécessaire de nous le rappeler en réalisant une suite ?

Car ce dernier, avec ce 2ème opus, arrive d'emblée en terrain conquis. Expliquer la crise des subprimes sur le ton d’un cour par correspondance, enrobée d’une histoire mielleuse pour mieux faire passer le tout, ne suffit pas à actualiser l’acerbe critique que représentait le 1er opus. Multiplier par deux tous les effets ne permet pas d’obtenir une suite, encore faut-il les renouveller et les agencer finement. Là, tout demeure excessif : le jeu de Douglas (alors si crédible dans le 1), le jeu du méchant vraiment méchant, du jeune trader qui lime tout de même régulièrement ses canines (alors que Sheen représentait le prototype du jeune loup en bute avec sa conscience), les effets de caméra pillés de toutes parts…Bref, affligeant à en devenir risible.

Car tous les ingrédients sont présents pour faire un bon film pop (effets de réalisation, musique…) mais l’absence de dosage finit par produire un plat indigeste. Dans un ultime élan de sauvetage Stone replace le titre principale de Wall Street 1 (Talking Heads-This Must Be the Place) comme si son souvenir nous rendait plus indulgent. Et non, même cela ne suffit pas…

Dommage, mais que cela n’entache pas l’audace et la beauté ténébreuse du premier opus. Geeko y lançait comme un affront « Greed is good ». Pas dans ce cas. Oliver, tu as péché par excès d’orgueil ou de cupidité. Passe pour cette fois mais qu’on ne t’y reprenne plus.


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