Une chronique de Sypnos
C’était le 20 octobre 2010, à la séance de 18h… Une douzaine de personne.
20h45. Je sors de la projection et je n’ai plus de mots. Il fallait que ce film m’arrive aujourd’hui, me file la baffe de plus,
à la limite du trop. Il y a des voyages qui semblent tenir du destin, je ne suis pas du genre superstitieux mais là, c’est évident…
Je devais rentrer tôt, nous allons passer la soirée au bar où je me fais gentiment charrier par le barman quand il me regarde
dans les yeux et me lance « Vous, vous avez pleuré… », ce à quoi sa jeune collègue nous jette un regard en biais pour voir de quoi il en retourne…
Et oui, Sypnos s’est mis à chialer devant le film et je mets au défi quiconque un tant soit peu humain de ne pas en faire
autant…
Je n’ai pas vu passer les presque 2h40. A peine je rentrais dans le métrage, m’arrêtais sur certains placements de caméra que
j’étais littéralement happé par ces êtres filmés avec maestria par un Guillaume Canet qui dépasse encore une fois ses limites…. Portraits croisés de vies, de destins, de
caractères, les Petits Mouchoirs est un grand, un très grand film qui comme souvent dans ces cas là va à l’essentiel, à la simplicité ou complexité des rapports humains. Des regards
qu’on a sur l’autre. Des mots que l’on trouve ou que l’on ne trouve pas. De ces amours qu’on sait ou non exprimer avec des mots, avec maladresses, en pensées ou pas du tout. Tout est là,
palpitant, vivant. On rit, on vit, on pleure avec eux surtout que le film est ainsi fait que l’on ne peut que se retrouver dans un si ce n’est plusieurs de ces personnages…
Le film s’écoule vite, tellement vite, comme la vie, la nôtre que ce bon vieux palpitant pousse dans les artères à raison d’un
battement de vie à la fois… et pourtant demain, dans un mois ou dans dix ans… voire dans la minute, tout peut s’arrêter parce que c’est aussi ça la vie…
Je ne disserterais pas ici des personnages, de l’intrigue ou des situations tragiques ou comiques car je veux qu’elles vous appartiennent comme elles m’ont appartenues pendant ces quelques minutes hier soir… alors que dans la salle, dans le noir, j’avais les poings qui se serraient, que ma gorge se contractait pour ne pas laisser passer ce râle… et puis bizarrement, un rire, un sourire, le spectre de tout les sentiments humains, qui me fait jouer le rôle de la bille dans le flipper de la vie et des émotions.
Merci M. Canet.